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Fouilles à Bassaler : l’envers du décor

La salle aux trésors

C’est une grange complètement rénovée et située à deux pas du château de Couzage que l’équipe de chercheurs travaillant sur le site de Bassaler a investi pour l’été. La vue qu’ils ont du lac et de ses alentours est imprenable. L’heure matinale et le ciel maussade subliment le site. Si la pluie empêche momentanément les bénévoles de poursuivre leurs travaux, ils ne sont pourtant pas sans activité. Rencontre avec ces jeunes au sein même de leur quartier général qui se trouve être aussi le lieu où leur trésor est entreposé.

vue sur le chateau de CouzageSur la terrasse, une grande table, autour de laquelle sont disposées une quinzaine de chaises, est installée sous un grand tilleul. La convivialité plane en ce lieu, c’est certain. Reste qu’en ce début de matinée, l’ambiance est déjà studieuse. Le travail de chercheurs ne se résume pas aux seules fouilles. En aval, tout un travail de nettoyage et de marquage doit être fait.

brosseCe matin, c’est  à Mickaël et Alicia qu’en incombe la tâche. Au rez-de-chaussée de la grange, armés de brosses à dents, ils libèrent les pierres de la terre qui les recouvrent depuis des millénaires. Elle est italienne, lui arrive de Montpellier. Ils sont réunis par la même passion. La lecture d’un ouvrage d’archéologie appartenant à son père a scellé le destin de Mickaël. Après son bac, il s’est lancé dans des études d’histoire de l’art et d’archéologie. “J’aurais pu être maçon, j’aurais aimé construire des choses“, affirme-t-il. Finalement, ce sont des fondations qu’il aura à cœur de retrouver, de déterrer : “la différence est mince finalement entre les deux professions : elle est spirituelle, historique”, affirme-t-il. Et de terminer : “ce que j’aime dans le métier c’est découvrir et apprendre à découvrir”.

WilliamWilliam, un anglais de 32 ans, est dans la pièce d’à côté : accroupi, il collecte, trie et range les pierres, traces du passé, dans une multitude de tiroirs sur des airs de bossa nova de Bebel Gilberto . C’est à l’âge de 17 ans qu’il a fait ses premières fouilles en Normandie. Depuis, il essaye d’en faire chaque année, pendant les vacances. Il réside en Corée et a travaillé à maintes reprises au musée de Londres. Sa présence en ces lieux n’est pas due au hasard. C’est avec Damien Pesesse, docteur en archéologie et responsable des fouilles, qu’il a fait sa maîtrise à Aix-en-Provence. L’occasion était belle, pour l’un comme pour l’autre de se retrouver. ” C’est la surprise, le fait de ne jamais savoir sur quoi on va tomber” qu’il affectionne dans ce travail de recherche. “Ces informations retirées du sol permettent de reconstruire le passé à partir de faits réels”. Il en parle et le vit depuis plus d’une dizaine d’années. Or il paraît toujours aussi émerveillé. Cette fouille estivale lui aura permis, en outre, de découvrir une région qu’il trouve “magnifique” : “un rêve, comme un cliché de la campagne française”.

FlorenceAlice vit à Limoges et Florence arrive d’Écosse. Elles travaillent au marquage des pièces. De nationalité et d’âge différents, elles partagent pourtant le même sentiment sur leur expérience estivale : “personne ne se connaissait avant d’arriver mais l’ambiance est vite devenue conviviale”, affirme Florence. Alice explique le phénomène : “on partage tous la même passion. Et cette vie en communauté, le temps des fouilles, fait partie du jeu, du métier”.

ClémentinePour Clémentine, le parcours aura été quelque peu différent. Jusque-là, ils parlaient tous de passion, de vocation remontant à l’enfance. Clémentine, elle, assume la part de hasard qui l’a menée à l’archéologie : “A la sortie de mon premier cours d’archéo, j’ai tout de suite su, c’était ça !”. La jeune femme doit être l’une des seules natives de Brive. Elle était donc vraiment ravie de l’ouverture des fouilles à Bassaler d’autant qu’elles ont réservées de nombreuses et belles surprises : “Le site est d’une telle ampleur !”, s’exclame-t-elle. D’ici novembre, elle rejoindra le désert égyptien pour étudier des squelettes et des momies. Elle est plus qu’impatiente ! “J’aurai aimé découvrir ce monde plus tôt”, avoue-t-elle, alors qu’elle n’a que 20 ans et qu’elle travaille aussi en parallèle de ses études Silex sur tableau Musée de l’homme ! “Quand je me retourne sur mon parcours, c’est un rêve”, termine-t-elle.

Ça l’est apparemment pour bon nombre d’entre eux. Cette auberge espagnole, version archéologique, aura fourmillé d’activités cet été. Les bénévoles lèvent le camp d’ici une dizaine de jours et rejoignent leur quotidien, leurs villes et même leurs pays respectifs après avoir partagé des semaines d’un dur labeur mais pour quelle récompense ! Avoir fait avancer, à travers les découvertes faites sur ce site, la connaissance de la région et des hommes qui y avaient élu domicile il y a plusieurs milliers d’années. Ce sont des petites parcelles des mystères de notre passé, de nos origines, qu’ils auront soulevé délicatement tout le mois durant du bout de leurs pinceaux et qu’ils offrent à qui veut bien ouvrir l’œil.

Images diverses

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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