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Angot met les impossibles mots sur l'amour à la mère

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Christine Angot a offert ce soir au Théâtre un moment intime et particulièrement émouvant en lisant Conférence à New York, prologue à Un Amour impossible. Une réflexion sur la création littéraire où elle dévoile les coulisses de fabrication de son dernier roman, comme une incarnation en chair et en voix des feuillets raturés qui deviennent œuvre au terme, parfois, d’un combat acharné.

angot1“J’aime bien cette phrase de Duras: “Trouver quoi écrire encore”. C’est par ces mots que Christine Angot a ouvert cette soirée événement au Théâtre municipal. Un moment rare qu’elle a refermé une heure plus tard, du bout de ses doigts tournoyant sur l’air de l’Histoire d’un amour de Dalida, une chanson qui a marqué la rencontre de ses parents.

L‘intimité familiale et littéraire ouverte par l’écrivain, plutôt réputée pour être difficile d’accès, a semble-t-il soufflé les spectateurs qui ont respecté une heure d’un silence religieux. Un silence nécessaire pour accueillir cette mise à nu, don de soi consenti tout bas et retraçant sans rien en dissimuler les doutes, tentatives avortées, envies d’abandonner son projet littéraire. Elle n’en a rien fait.

Car ce livre sur l’amour maternel lui tient au cœur et au corps depuis si longtemps. Un livre non pas sur quelqu’un ou quelque chose, ni au-dessus d’ailleurs. Ce qu’elle veut, c’est être dans le sujet, comme l’enfant est dans l’amour de sa mère, dans son ventre aussi. “Ecrire ce que c’est que d’avoir une mère”, c’est le but qu’elle poursuit. Elle cherche la réponse chez les autres d’abord, et ouvre sa bibliothèque, puis en elle finalement. “Je dois bien savoir quelque chose.” Mais par où commencer, quel temps employer, que garder entre ce que je sais et ce que je crois savoir; tant de couches doivent être retirées pour pénétrer le domaine du vrai, du réel, le seul visé.

“J’aimais beaucoup ma mère quand j’étais petite. Je ne sais dire que ça.” Insuffisant évidemment. L’auteur ne s’épargne pas, se perd et désespère: “Je pensais ce livre impossible à écrire.” Le désir d’écriture a finalement accouché d’un récit. Un amour impossible en atteste. Cette Conférence à New York, lue par Christine Angot pour la première fois à la Maison française de l’université de New-York en avril et publiée dans la Nouvelle Revue Française en septembre a été saluée à Brive par un public ému et debout.

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Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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