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Coteaux du Saillant : la moisson d’automne

Dans la vallée du Saillant coule avec nonchalance la Vézère, et sur les crêtes depuis quelques jours l’activité est plus intense. L’ heure est à la moisson d’automne, les vendanges viennent de débuter. Le raisin est en abondance. Selon les cépages, les grains gorgés de soleil virent au violet. La vendange est belle, la reconquête du vignoble est en marche.L’aventure débute dans les années 2000, une poignée d’agriculteurs décide de relancer la production du vin sur ces coteaux envahis par des broussailles et dans le meilleur des cas par du taillis. “On a commencé à défricher en décembre 1999”, se souvient Michel Breuil, le président de l’association des Amis du Saillant. Les hommes ont retroussé les manches, un chantier d’insertion a été créé, la tâche est immense, le pari ambitieux et exaltant. Parcelle après parcelle, les terres vont renaître. Des terres sur un socle de schiste, idéales pour relancer la vigne, comme à l’époque des rois maudits qui se faisaient un plaisir de consommer sans modération ce vin du Saillant. Un breuvage apprécié aussi par le pape Clément VI. Ce Corrézien d’origine aurait même emporté dans ses valises des pieds de vignes du Saillant en Avignon. Le fameux Châteauneuf-du-Pape aurait des racines corréziennes, la messe est dite.

Un vignoble prospère qui  va bien au delà des frontières du Saillant. Avant la maladie dévastatrice de 1875,  dans le pays de Brive, on recense 20.000 hectares de vignes. La reconquête de ce vignoble sur les coteaux du Saillant est une affaire de passion partagée par des hommes soucieux de faire revivre ce patrimoine disparu, mais jamais oublié.

Aujourd’hui une quinzaine d’hectares de vigne a été replantée sur des terres qu’il a fallu négocier puis racheter. Le foncier est géré par un groupement de propriétaires qui a investi selon leurs moyens sur un hectare, parfois un peu plus. ”Le coût de la plantation est de 23.000 euros par hectare”, précise le président des Amis du Saillant.

Michel BreuilMichel Breuil mesure le chemin parcouru en une petite dizaine d’années : ” Nous sommes partis de rien, et là nous commençons notre 3e récolte, on devrait approcher les 40.000 bouteilles d’un vin apprécié, si l’on en croit les retours que nos avons”.

Sans véritable plan de communication pour l’instant, le vin du Saillant fait “un malheur”. Le blanc, qu’il soit mœlleux ou sec, a une spécificité presque minérale puisée dans ce sol léger et aéré par ce schiste fragmenté.

Un résultat encourageant qui ne doit rien au hasard. Des cépages adaptés tels le Chenin, le Chardonnay, le Sauvignon, la présence six mois par an d’un jeune maître de chaix, une vendange artisanale au sécateur, des traitements de la vigne raisonnés et toujours plus allégés sont autant de facteurs qui militent pour un vin de qualité.

LOURD INVESTISSEMENT

A deux pas du pont du Saillant, une cave coopérative avec ses cuves en inox  pour  le stockage et la vinification. La mise en bouteille a été construite dans le prolongement d’une robuste maison bâtie avec les pierres plates du pays. Les aménagements se poursuivent : “Prochainement, ce sera un espace de dégustation agréable”, confie Michel Breuil, qui ne cherche pas à dissimuler sa satisfaction. Plus d’un million d’euros investis pour réaliser avec cohérence la cave et l’espace commercial. Les amis du Saillant ne veulent pas en rester là, des projets ont déjà dépassé le cadre de l’esquisse. ”Nous pensons à la réalisation d’une Maison de la Vigne et du Vin, qui pourrait s’inscrire dans une démarche touristique”, précise Michel Breuil.

Les amis du Saillant ne manquent pas d’idées pour valoriser encore et toujours ce vin de pays dont la qualité s’affirme récolte après récolte. Cette année, elle pourrait être marquée d’une pierre blanche. L’ensoleillement exceptionnel de ces derniers jours a gonflé le taux naturel de sucre. Sur les coteaux, les vendanges vont encore se poursuivre quelques semaines, un travail à haute main d’oeuvre ajoutée, la machine à vendanger est bannie. ”Ce n’est pas pour le folklore que l’on utilise le sécateur. Pour nous, c’est l’assurance de ne pas maltraiter le raisin que nous entreposons délicatement dans des panières”, témoigne Michel Breuil.

Là haut sur les contreforts de la Vézère, les bruits secs des sécateurs n’ont pas fini de raisonner sans troubler pour autant la quiétude de l’endroit. Des parcelles souvent en terrasses qui semblent accrochées à un relief tourmenté mais divinement bien exposées. Le raisin ne s’en porte que mieux et la cuvée 2009 devrait respirer le soleil.

Jean René LAVERGNE

Jean René LAVERGNE

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