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Dans le bal des Rencontres

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“Je veux vraiment voir votre âme à la fin”, réclame Carl Portal. Le chorégraphe de la nouvelle version de Roméo et Juliette actuellement en tournée en Asie, dirige à Brive un des tableaux présentés lors des Rencontres chorégraphiques de la Corrèze qui auront lieu pour la première fois à Brive les 7 et 8 juin au Théâtre municipal. Magie de ces Rencontres, initiées sur la durée par l’ADIAM et confiées cette année à la compagnie Hervé Koubi, que de brasser professionnels et amateurs dans un grand bal d’émotions partagées.

le bal des fallacieux3Dans le studio Béjart au dernier étage du conservatoire, on jouerait presque le bal des débutantes. Les danseurs, des élèves et amateurs, ont revêtu pour la première fois leurs costumes de scène, d’éclatantes tenues de soirées dont elles découvrent aussi les contraintes en se prenant les pieds dans les plis. “Relevez les robes pour marcher, jouez-en”, clame amusé Carl Portal. Le chorégraphe est un ancien Koubi, d’où sa présence dans les lieux. Le professionnel a travaillé avec Marie-Claude Pietragalla, dansé pour les plus belles comédies musicales, Notre-Dame de ParisLes Dix Commandements ou Autant en Emporte le Vent avant de se charger de la nouvelle version de Roméo et Juliette. Rien de moins! Comme un autre de ses anciens collègues, il est venu prêter main forte en toute simplicité. Il fallait s’en douter avec Hervé Koubi, il y aurait forcément au sein des Rencontres une alchimie particulière, un joyeux mélange des esthétiques. Ce que le chorégraphe en résidence à Brive depuis plus de 10 ans appelle “un chemin”.

le bal des fallacieux7“L’objectif est de mettre les élèves et les amateurs en conditions professionnelles”, rappelle Henri Leboulleux, responsable de l’ADIAM de la Corrèze. De fait, sous le regard aiguisé de Carl Portal, les 18 danseurs apprennent à s’approprier leur costume, l’espace, à écouter leur sensibilité. “C’est une pièce sur l’être et le paraître, ça parle des multiples masques que l’on met sans s’en rendre compte, de la convoitise de ce que l’on a pas… Elle devrait s’appeler Le bal des fallacieux“, dévoile Carl Portal.

“Vous ne vous montrez pas aux autres de la même façon. Vous avez des parures, des accessoires, jouez-en. Et je veux vraiment voir votre âme à la fin”, exige dans un dernier conseil le chorégraphe. Martelant le rythme, la musique ouvre le bal. Les 17 robes flamboyantes virevoltent autour du costume sombre. le bal des fallacieux15Les danseurs se font comédiens, chanteurs même. “Je n’aime pas enfermer un projet dans des étiquettes”, commente Carl Portal. Sur le parquet, chacun joue sa partition. Les individualités apparentes se bousculent dans la cacophonie sociale. A ce banquet des convenances, pleuvent les frivolités, faux-semblants, mensonges, jalousies, vacheries bien senties… aussi les blessures mal cachées sous les masques d’urbanité. Et Milord de pleurer. De la difficulté d’être soi. Puissant!

On n’a pas l’habitude de travailler les voix, l’interprétation, ça nous oblige à nous découvrir”, soufflent ravies Marie-Ange et Zoé, toutes deux élèves du conservatoire de Brive, comme 50% des participants de ces Rencontres. “Ça n’a pas été facile, surtout quand on est timide.” Un vrai défi pour elles. “Il faut aller à la rencontre d’autres danseurs, mais aussi de nous-même. Au fur et à mesure, on est de moins en moins gêné, on s’ouvre complètement aux autres pour donner quelque chose de très personnel. C’est une chance incroyable.”

le bal des fallacieux6“Je veux un vrai bâillement, déployez-vous. Il faut s’abandonner”, débriefe point par point Carl Portal. “Ça devrait être plus oppressant dans le regard. Ayez conscience de l’espace qui vous sépare.” Chacun est attentif, impliqué, se questionne, interroge, suggère… La pièce prend corps, se nourrit des individualités. En retrait, Hervé Koubi apprécie la métamorphose. Les vacances scolaires sont ainsi mises à profit pour avancer les différents tableaux en préparation. Parmi eux, deux morceaux hip-hop, également des reprises de deux pièces déjà présentées par la compagnie, Bref séjour parmi les vivants et une version revisitée de L’été de Vivaldi et un étonnant travail avec les élèves carrossiers mécaniciens du lycée Lavoisier. “Un pari fou d’amener la danse dans des endroits improbables“, s’enflamme Hervé Koubi. “Pour moi, ça fait sens. On pensait faire juste une restitution au lycée et ce sera finalement devant le public.” En première partie de ces tableaux, sera également présentée une carte blanche aux structures qui ont participé de près ou de loin à ces Rencontres.

Rendez-vous samedi 7 et dimanche 8 juin au Théâtre municipal de Brive. La semaine qui précède sera l’occasion pour tous les danseurs d’un travail en résidence que les scolaires pourront suivre. Billetterie ouverte à partir de mi-mai au 06.63.29.42.80. Tarif unique: 6 euros dont un euro reversé à l’association humanitaire Aïna enfance et avenir qui œuvre depuis 2005 à Madagascar.

Sur ce sujet, vous pouvez également consulter notre précédent article:

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Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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