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Dernière ligne droite pour les fouilles

Les fouilles archéologiques place Latreille s’arrêteront mercredi prochain, à la veille de la Toussaint. Les archéologues laisseront la place aux engins de travaux publics. L’occasion de faire un bilan de ces recherches avec Emmanuel Barbier, responsable du chantier pour l’Institut national de recherche et d’archéologie préventive.

Ce chantier de la place Latreille, comme celui de la collégiale, est très positif”. Emmanuel Barbier est très content de toutes ces semaines de fouilles. La place Latreille a dévoilé ses secrets, du moins son sous-sol et là aussi, des sépultures, beaucoup de sépultures. “Nous sommes également dans un cimetière” explique l’archéologue. “Nous espérions trouver du bâti, le début de la ville ou une autre partie des bâtiments conventuels, mais non. Nous sommes encore en présence d’une nécropole.” Elle regroupe à elle seule toutes les époques retrouvées autour de la collégiale, un cimetière “moderne” vers le chevet avec des tombes allant jusqu’au 18e siècle, et d’autres, sur des couches successives remontant d’après les scientifiques de l’INRAP jusqu’au 6e siècle, “c’est-à-dire” , précise Emmanuel Barbier, “à peu près au moment de la construction de l’oratoire à Saint Martin, qui occupait les lieux bien avant la collégiale telle que nous la connaissons aujourd’hui”.

Pas de découverte spectaculaire dans ces sarcophages, quelques objets, quelques bijoux sans valeur marchande, rien qui puisse laisser penser que cette partie de la nécropole ait accueilli des morts d’une certaine classe de la société. Des hommes, des femmes, quelques jeunes adolescents pour certains de ces derniers regroupés dans une partie du lieu. En revanche, des questions se posent et pour Emmanuel Barbier, “l’examen des os et leur datation vont peut-être permettre de comprendre certaines choses comme la découverte de squelettes semblant présenter des pathologies”, et ainsi savoir par exemple si étaient regroupées place Latreille les sépultures de personnes mortes dans un hôpital de l’époque ou dans ce que l’on nommait une maladrerie. La proximité des habitations, et notamment la maison Latreille qui date du moyen-âge, interroge aussi sur la place du cimetière dans la ville et “confirme” selon l’archéologue, “que jusqu’au 18e, les lieux de sépulture sont considérés comme des parties intégrées à la cité, faisant partie du quotidien des habitants, on y organise même des marchés”.

Ces fouilles, à Latreille ou place Charles de Gaulle, sont en tout cas instructives à bien des égards pour Emmanuel Barbier. “C’est un peu un jalon” dit-il, “car nous avons très peu d’indications sur le passé de la ville de Brive, et plus généralement sur celui des grandes villes de la Corrèze, et tout ce que nous avons trouvé ici, plus le travail qui maintenant va être fait en étude, en datation au carbone 14, en recherches diverses, va permettre d’avoir une meilleure lecture de ce passé”. Un travail qui devrait éclairer, y compris les chercheurs et historiens, qui dans les années à venir se pencheront sur la vie de ces Corréziens à travers les siècles.

Patrick MENEYROL

Patrick MENEYROL

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