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Design et lumière

Bénédict Mossolin et ses luminaires

Bénédict Mossolin a le don de transformer ses idées en lumière. Lampes de sol, de table, appliques, murs, colonnes… son atelier fourmille d’inventions. Cet ancien journaliste à la retraite, bien connu dans le département pour avoir alimenté pendant 22 ans les pages de l’Actualité économique, expose une quarantaine de ses modèles “Design & lumière” à Brive, au club Premier Barclays (derrière le palais de justice), du 31 mars au 22 avril. Des silhouettes jouant entre formes et lumières, majoritairement inédites, dessinées depuis les années 70 et revisitées avec les matières du moment. Vernissage ce jeudi 31 mars à 19h.

Bénédict MossolinUn “bricoleur designer”, voilà comment se définit modestement Bénédict Mossolin. “L’expression n’est pas de moi”, se défend le septuagénaire avec malice. “Lors d’une émission, j’ai entendu Karl Lagarfeld se donner le qualificatif. L’expression m’a plu. Sans me comparer à ce grand monsieur, elle est très appropriée finalement à ce que je fais.” Son “atelier” jouxtant sa maison à Donzenac s’apparente d’ailleurs plus à une remise encombrée, une sorte de grenier livré aux affres des températures, “glacial l’hiver, étouffant l’été”. Traine là un joyeux amalgame de ce qu’on ne sait où caser ailleurs comme le mobilier de jardin et même un gilet de sauvetage! Va savoir? Peut-être pour surnager dans cet océan d’objets hétéroclites d’où émergent tels des phares ses colonnes de lumières, ses abat-jour en cornette de bonne sœur, ses lampes aux géométries cubiques… Des îlots plus ou moins volumineux mais aux formes épurées, toujours.

Colonnes de lumièresPour moi, l’art roman, c’est le grand art, simple et satisfaisant“, avoue celui qui a grandi au pied d’une de ses belles reliques: la basilique Saint-Cernin à Toulouse. A l’ombre de cette basilique et de sa “fleur de corail” qu’il peint et repeint, le petit Bénédict va se forger sa sensibilité artistique. D’abord avec sa mère de vieille souche toulousaine, peintre et pianiste spécialisée dans l’interprétation des opéras de Wagner. Et surtout une amitié des plus marquantes: le sculpteur et peintre Georges Artemoff et son épouse Jeanne Astre-Doat, également peintre de grand talent. “Je me souviens encore, avec quelle fascination, je la regardais peindre un coquelicot, d’abord le rouge, puis le noir venant creuser la forme… Mais j’étais tout aussi admiratif de l’artisan qui fabriquait un objet.” Un regard déjà aimanté vers l’acte de création.

Mais c’est dans la communication et le journalisme que Bénédict Mossolin ira faire carrière à Paris. Jusqu’à une mutation qu’il décline et c’est le chômage, en plein choc pétrolier. “C’est à ce moment que m’est venue l’idée d’une structure en X, Ombres et lumièresfaite de deux cadres croisés sous-tendant un tissu formant un carré. Au début, je ne savais pas trop quoi en faire…” La forme avant le fond, le verbe avant le geste. “J’ai fait une première lampe, chez moi, comme j’ai pu et j’ai fait le tour des magasins parisiens.” Des enseignes comme les Galeries Lafayette, le Printemps, Roche-Bobois, Jean Munier, BHV, Electrorama sont séduites par son modèle. Pour disposer d’un espace approprié, le créateur vient s’installer dans la patrie de son épouse corrézienne et c’est de Donzenac qu’il assure lui même l’édition de A à Z. Sa lampe “X” sera même distinguée en 76 sur le salon du luminaire par Formes utiles, une association regroupant architectes et designers. C’est dire! “Mes murs luminaires avaient également beaucoup de succès en Espagne…” L’aventure durera deux ans en prenant de l’ampleur. “Je ne gagnais pas des mille et des cents, mais j’étais heureux d’imaginer, d’assembler, de photographier, démarcher…” L’affaire devenait trop grosse pour s’émarger d’un éditeur professionnel.

DétailBénédict renoue alors avec le journalisme pour l’Actualité économique sous l’égide à l’époque des deux chambres de commerce et d’industrie de la Corrèze. Il remise bouts de bois et tissus en pensant qu’une fois à la retraite, surement, peut-être… Sauf qu’un retraité est généralement très débordé et les jours passent, puis les mois, les années… jusqu’à cette envie de fabriquer une lampe en guise de cadeau pour un ami. “Ça faisait 30 ans que j’avais arrêté. J’ai pris un tel pied…” Ses moustaches en frissonnent encore. Bénédict ressort alors ses anciens modèles, les reprend avec de nouveaux matériaux, Altuglass, polypropylène, en crée de nouveaux en série limitée de 3 à 5 exemplaires, réalise des prototypes… en attendant de trouver un éditeur. “Je ne veux pas passer mon temps qu’à ça et je n’avais pas prévu que j’aurais autant d’idées à cet âge!”, s’étonne presque naïvement le septuagénaire en exhibant une Angelo de sa création (deux tubes qui s’entrecroisent) ou son Uccello (oiseau en italien comme les origines de son père)…

Vous pourrez ainsi découvrir une quarantaine de ses modèles lors de cette exposition. Et comme ce “bricoleur-designer” est aussi un savoureux érudit, il meublera cette présentation avec des objets de son quotidien, contrebasse, tableaux, livres… tels une empreinte de sa vie. “Chaque homme dans sa nuit s’en va vers sa lumière”, comme l’a si bien transcrit Victor Hugo.

Design & lumière du 31 mars au 22 avril au club Premier Barclays, 3 cours Martignac (à l’étage). Vous pouvez aussi le contacter au 06.888.90.887 ou par b.mossolin@wanadoo.fr.

Son atelier pris par lui-même

Quelques uns de ses modèles. Photo prise par lui-même

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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