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Il y a 200 ans, la Bérézina

Bérézina. Dans l’imaginaire populaire, le mot est associé à un désastre, mais pour les historiens et les militaires, il s’agit bien d’une victoire française. Le 126e RI y a contribué par son sacrifice à sauver le gros de l’armée napoléonienne en retraite. Le régiment briviste a donc commémoré ce matin le 200e anniversaire de la bataille, en présence de la batterie des Grognards de Haute-Alsace, en tenue d’époque.

La pluie n’a pas faibli pendant toute la cérémonie et les spectateurs s’étaient réfugiés sous le moindre abri occasionnel. Militaires et officiels sont restés impassibles et droits face aux éléments une heure durant. “Un temps de circonstance pour penser à nos anciens“, plaisantera plus tard le général de brigade Bernard Barrera venu assister à la commémoration. Des conditions pourtant très éloignées de celles qu’ont subi ces mêmes anciens, dans la neige glaciale et le froid mordant.

Habituellement, le régiment célèbre cet anniversaire dans ses murs mais pour son bicentenaire, il a souhaité lui donner une plus grande dimension, dans sa ville, en y associant la population. C’est donc place du 14 juillet, sur la Guierle, que s’est déroulée la prise d’armes. Pour la circonstance, toutes les compagnies du régiment étaient représentées, “la première fois depuis le début de l’année”, faisait remarquer le colonel Patrick Secq, commandant le 126e RI. C’est d’ailleurs la 1ère compagnie de combat, tout juste revenue de Djibouti, qui a eu l’honneur d’ouvrir les festivités, en arrivant au pas en chantant.

Pour le colonel, rappelant les circonstances de la bataille, ce bicentenaire aura permis de “dissiper les malentendus”. Le 23 novembre 1812, la grande armée qui bât en retraite devant Moscou en ruines, est arrêtée sur le fleuve Bérézina, dont les ponts ont été détruits par les Russes. L’empereur décide de franchir sur des chevalets de fortune l’eau glacée. Le 126e RI au sein de la division Partourneaux est chargée dans l’arrière-garde de couvrir le franchissement et fait alors face aux assauts répétés de l’infanterie russe et de la cavalerie cosaque. Cette arrière-garde va lutter trois jours durant, forcée à lutter à 1 contre 5. Elle refusera de se rendre et tentera même de se frayer un passage. En vain. Sur les 3.211 hommes que comptait le 126e RI au début de la campagne, seuls 146 s’échapperont des décombres. Mais la grande armée a pu franchir le fleuve, 25.000 hommes sont passés et poursuivent leur retraite. La bataille de la Bérézina fut un des premiers faits de gloire du régiment qui la porte inscrite sur son drapeau. Côté russe, la perspective est autre, puisque la campagne de 1812 marque avant tout pour eux une victoire et un sursaut national.

De cet épisode, la mémoire collective n’a retenu que la fuite finale désordonnée d’éléments déserteurs. Les récits terribles des soldats en ont fait une profonde blessure dans l’imaginaire français et la littérature. “Un goût d’amertume” pour l’adjoint au maire Jean-Raymond Rose “qui trouve sa source dans le nombre des victimes.” Les clichés ont la vie dure: le mot “Bérézina” est associé dans le langage courant à un désastre. “Cette bataille n’est pas une déroute”, clamait le colonel Secq. “Nous célébrons une victoire. Aujourd’hui, souvenons-nous de nos anciens. Les missions ont changé, mais notre idéal et nos valeurs demeurent. Relevons le flambeau.”

L’attraction de cette cérémonie était sans conteste la batterie des Grognards de Haute-Alsace. Cette formation musicale créée en 1991, reconstitue fidèlement les tambours du 1er régiment des grenadiers à pied de la garde impériale. Ses roulements ont fait sensation. La batterie a également précédé le régiment lors du défilé qui a suivi la prise d’armes et donné ensuite un petit concert dans la salle Brassens où se tenaient les discours.

 

 

les cadres

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Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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