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La réalité virtuelle de Pierre Magnol

Pierre Magnol, motion designer

Pierre Magnol est motion designer, un de ces nouveaux métiers liés au numérique et rempli d’effets spéciaux. C’est même une pointure dans son domaine. Pour lui, c’est aussi une passion, révélée par un film culte, Blade runner. Depuis le bourg de Saint-Viance, siège de sa société Gkaster, cet indécrottable corrèzien travaille avec le monde entier. Son film C19 qui rend hommage à son terroir a d’ailleurs été sélectionné pour être publié dans un collectif en décembre sous le label Twenty 120. Finissez d’entrer dans la réalité virtuelle.

Pierre Magnol, motion designerPas facile de décrire ce qu’est le motion design. A en croire Wikipédia, ce serait “l’art de la conception graphique en mouvement par addition de la typographie, graphismes, vidéos, 3D, sons”. C’est-y pas plus clair? Non? Le mieux serait de découvrir par vous même ce que fait Pierre Magnol, en regardant sa demo reel (carte de visite dans le jargon professionnel) sur son site Gkaster. Et n’hésitez pas à aller feuilleter son portefolio, vous y découvrirez quelques petits bijoux numériques.

“On crée de la matière graphique et on l’anime”, résume le motion designer qui tient à la fois du réalisateur, du metteur en scène, du directeur artistique, du monteur (d’ailleurs son premier métier), de l’éclairagiste, quelque fois aussi du caméraman, à d’autres un peu du photographe… Et en plus, il sait jouer du clavier informatique comme un virtuose de son piano. “C’est un métier transversal dans les nouveaux médias. Je vois ça comme une discipline. Il n’y a pas une compétence précise mais on doit maîtriser un ensemble de techniques pour créer.” Pierre Magnol l’apparente même au kung fu qu’il a longtemps pratiqué et même enseigné. “Il faut répéter et répéter le geste pour s’en pénétrer.”

Pierre Magnol devant ses écrans

En clair, le motion design “est un métier artistique et artisanal où il y a de l’abstraction.” Dans son pressbook, les pubs côtoient l’habillage télé, les bill board (petites animations de logos annonceurs), des films pour industriels, des chartes graphiques ou typo, des marques qui ne vous sont pas inconnues… De son bureau installé dans une vieille bâtisse dans le bourg de Saint-Viance, il est en connexion avec le monde entier, Allemagne, Italie, Etats-unis, Canada, Corée, Turquie… “En France, on a pas trop la culture du motion design, mais ça commence.” Bien sûr, de temps à autres, il doit se rendre à Paris. “Mais tout se fait depuis ici. Je n’ai jamais éprouvé le besoin d’aller ailleurs et je ne me lasse jamais des paysages qui m’entourent.

Détail d'une créationDe tout jeune, cet enfant du pays a été viscéralement attaché à sa terre. Collège à Allassac, BEP compta à Brive suivi d’une 1ère adaptation terminale, une tentative avortée en fac de droit et d’histoire, un peu d’objection de conscience… “Moi, dès la 3e, je voulais faire un métier manuel: joailler.” C’était sans compter sur une rencontre choc avec le film Blade runner de Ridley Scott. “Ce jour là, j’ai su que je voulais faire un générique.” L’empreinte sera indélébile et si vous avez regardez Abercomb city dans son portefolio, la référence n’a pas pu vous échapper. “Mais à l’époque pour faire audiovisuel, c’était inabordable.”

Alors d’errance en quête, le Corrèzien va vivre sa scolarité “comme un échec”. Jusqu’au jour où ses parents lui offrent son premier ordinateur. “C’était en 1994 ou 95. Un Mac.” A cet époque sort aussi le logiciel after effect. “C’est le logiciel qui a démocratisé les effets spéciaux. J’ai fait mes premières images. J’ai acheté des bouquins et j’ai bossé à fond. Le verrou qu’il faut comprendre, c’est l’interpolation des mouvements, c’est-à-dire comment faire varier une animation dans le temps avec des dessins intermédiaires.” Surtout, cet autodidacte n’a jamais eu peur de montrer ces réalisations à ses pairs, “même à mes débuts, car c’est comme ça qu’on progresse”.

Pierre Magnol, motion designer

Et comme il faut bien manger pour vivre, Pierre Magnol part faire une formation de monteur à Paris, est embauché illico à la chaîne Demain, puis muté à Limoges pour se rapprocher de ses racines. L’appel de la terre, toujours. En 2001, il fait le grand saut et démarre en freelance.”J’ai travaillé d’abord avec la France, pendant cinq ans. J’ai même donné des cours pour un logiciel d’animation à Paris.” Son premier générique d’émission: la Trilogie du samedi sur M6. Il est de plus en plus connu et reconnu. En 2008, il monte alors sa société Gkaster cofondée avec un autre graphiste designer briviste, Pierre Fabre. Aujourd’hui, vous voyez peut-être du Pierre Magnol sans le savoir, en regardant votre télé ou en allant au cinéma, comme par exemple au Max Linder pour lequel il a créer une bande annonce. Il évolue ainsi dans sa réalité virtuelle avec toujours ce rêve bien ancré de réaliser un vrai générique de film. “Bientôt peut-être.”

Bientôt, c’est déjà décembre: devrait sortir le coffret Twenty120 dans lequel figure son film C19. “C’est une collection de création indépendante montée par des Américains. Ils demandent à des motion designers de différents pays de réaliser un film sur un thème donné.” 20 films de 2 minutes (120 secondes) d’où le titre du collectif. “Pour cette édition, la quatrième, le thème portait sur “L’âge de l’opulence”. Le coffret circulera à travers le monde de la com’ et du design, avec à la clé des retours de la planète entière. Mieux qu’une carte de visite.

Dans ses cartons aussi: une expo toute prête qui ne manque pas d’éveiller la profession: “Le motion design s’expose”, quelques belles toiles pour expliquer son métier. Car Pierre Magnol veut transmettre sa passion, son métier et n’ayant pas peur du mot, son art. Question de culture.

Alors pour finir, voici LA citation qui inspire tant Pierre Magnol, extraite de Blade runner et prononcée par Roy Batty, le chef des réplicants renégats:
“J’ai vu tant de choses, que vous, humains, ne pourriez pas croire… De grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion, j’ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l’ombre de la Porte de Tannhaüser. Tous ces moments se perdront dans l’oubli, comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir.”
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Pierre Magnol, motion designer

Pierre Magnol, motion designer

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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