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Le livre voyageur

Anne Clergerie fait voyager des livres

Il y a des livres sédentaires qui habitent la même bibliothèque sans bouger, coincés avec d’autres congénères. Et d’autres qui ont un destin plus nomade, plus singulier, cultivant une vie propre, passant de main en main. Ils sont empruntés, lus et à nouveau libérés pour continuer leur route. Des livres voyageurs… “Lectrice invétérée”, Anne Clergerie a lancé la formule sur Brive.

Des livres déposés dans les abribus et à proximité des distributeurs de billetsUn jour, nous avons trouvé un livre devant la porte du journal, posé là, par on ne sait qui. Un roman aussi noir que sa couverture. Sur la page de garde, un texte manuscrit: “Plutôt que de prendre la poussière, les livres voyageurs aiment flâner au gré des rencontres. Le principe est simple, gratuit, sans inscription. Une fois le livre dégusté, deux choix vous sont proposés: vous pouvez le ramener ou bien le passer directement à un autre lecteur qui à son tour participera à la chaîne du livre voyageur.”

Derrière cette dédicace, une Briviste très discrète, qui ne signe pas de son nom. Depuis octobre, sans ostentation mais avec une belle détermination, Anne Clergerie a décidé de faire circuler une partie de ses livres. Il y a peu, elle s’est découvert un émule. “Je sais qu’une autre personne a recopié mon texte et fait circuler aussi des livres”, se réjouit-elle. “Je n’ai rien inventé, vous savez. J’ai vu que ça se faisait ailleurs.” Le phénomène appelé bookcrossing est d’ailleurs mondial et se ramifie sur internet. Ne croyez pas que la démarche ait été si évidente pour cette passionnée de lecture.

La passion de la lecture et de l'écriture“Un livre meurt sur son étagère.” Ses livres, polars, romans, elle préfère les déposer ça et là sur le banc d’un abribus ou à proximité d’un distributeur bancaire. “Bien sûr, je prends le risque que les gens les gardent ou qu’on les jette à la poubelle… Les livres sont faits pour être lus et on en a tous chez nous qu’on ne lit plus.” Pour elle, il ne s’agit pas d’un abandon mais bien d’un don. “Ce qu’on aime vraiment, on le partage”, assure-t-elle. “Nous sommes tous aujourd’hui dans la détention de biens, de possessions, du “je le veux, pour moi”. Ce n’est pas ça la vie. Finalement, on n’est pas très heureux avec nos possessions. On accumule des objets qui nous gênent. Que voulez-vous que nous fassions de tout ça en fin de compte… Un linceul n’a pas de poche.” Elle attribue avec humour cette prise de conscience au privilège de l’âge, des leçons de la vie. Elle lit et relit une de ses citations favorites, extraite du roman de Luis Sepúlveda, Le vieux qui lisait des romans d’amour, et qu’elle a inscrite sur son agenda: “Il possédait l’antidote contre le redoutable venin de la vieillesse. Il savait lire.

Le livre voyageur, c’est une façon de donner un peu de soi dans un monde difficile, de ne pas oublier de faire des petits cadeaux. C’est gratuit… Si cela pouvait éveiller d’autres passeurs de livres. Il faut élargir nos cercles et les livres sont des morceaux de diamètre”, illustre-t-elle. “C’est de la simplicité volontaire. Et du recyclage.” Et Anne Clergerie n’est pas à court d’autres idées pour partager lectures et écritures… “Un livre, c’est la saveur des mots, la liberté. J’en ai toujours un dans mon sac, au cas où je serais bloquée quelque part.”

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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