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Le rêve d'Oré : la création recyclée

Oréli Fourches et ses créations

La recup’, c’est sa philosophie, et son métier. Il y a trois mois, Oréli Fourches a repris un local rue Maillard où elle crée et vend ses vêtements et accessoires recyclés. Un rêve de petite fille.

 

confectionVêtements délaissés, abîmés, grandes et petites chutes de tissus, boutons défraichis, sacs de café… Avec ce que plus personne ne veut, Oréli Fourches crée des sacs, ceintures, coussins, pochettes, ponchos, foulards, bijoux, lampes et autres accessoires originaux. Cette reine de la récup’ détourne, transforme, brode, mixte et réincarne au gré de son inspiration comme à la demande.

“Quand j’étais petite, je voulais être styliste, je faisais moi-même les habits pour mes poupées Barbie”, raconte cette pétillante trentenaire. Elle était à bonne école avec une mère qui fabriquait sous ses yeux rideaux et coussins de la maison. “La Singer a passé sa vie sur la table de la salle à manger. Dans une famille qui n’a pas trop de moyens financiers, on se débrouille comme on peut. C’était déjà l’esprit recup’ avant l’heure.” D’où aussi son orientation vers la voie rapide de l’apprentissage coiffure aux Treize vents à Tulle, sa ville natale.

detail 1“J’ai toujours eu le besoin de créer et la coiffure, c’est un peu la couture des cheveux, non?“, argumente Oréli “Et puis, aller au lycée pour passer le bac, ça ne me disait rien du tout. J’ai été autonome très vite. Ma patronne étant à Chamboulive, je vivais déjà seule en appartement à 16 ans.” S’enchaîne le CAP, le Brevet professionnel puis celui des métiers. “Je l’ai passé enceinte de Mathys”, assume cette brune au tempérament volontaire. C’était il y a 10 ans. “En plus de la maîtrise technique, ce Brevet est axé sur la gestion d’une entreprise. C’est à ce moment que j’ai compris qu’un jour je serais ma propre patronne.”

detail2Entre temps, elle aura accumulé les petits contrats de coiffeuse puis de serveuse dans les cantines ou brasseries. Avant de se lancer en 2013 comme auto-entrepeneuse avec l’aide de la Chambre des métiers. “La couture ne m’a jamais quitté. J’ai fait mon premier sac à 16 ans, avec mon vieux jean que j’aimais trop. Il était devenu trop petit, mais je ne pouvais pas me résoudre à la jeter. C’est mon jean fétiche, je crois que je vais finir par l’encadrer”, plaisante-t-elle. “Mes copines ont trouvé ça génial et m’en ont demandé.” Et la voilà qui accapare elle aussi la table du salon. “Une suite logique.”

“J’ai d’abord vendu mes sacs sur les marchés corréziens, Brive, Tulle, Objat. Une façon de tâter le terrain.” Jusqu’à il y a deux ans où elle a pu profiter d’une des boutiques éphémères rue de la République à l’occasion de Noël. “J’ai passé trois semaines de rêve, c’était parfait. Ça m’a donné le déclic pour ouvrir ma boutique.” Plus tôt que prévu. “Je m’étais donné jusqu’à mes 40 ans.”

pochettesEn octobre dernier, elle trouve enfin ce petit local au 6 de la rue Maillard, une ancienne onglerie. Un local à la bonne taille et au loyer peu élevé. “Je n’ai pas eu le temps de réfléchir. En deux jours, j’ai signé le bail”, raconte cette fonceuse. “J’aime bien ce quartier, j’y ai travaillé. Ça fait petit village, tout le monde se connait. Si un soir, j’oublie de rentrer mon panneau, quelqu’un s’en chargera.”

Elle a fait de son atelier, un petit salon, décoré à pléthore de ses créations. “Dans tout ce que je fais, il y a de la recup.” Des sacs mêlant tissu, toile cirée ou suédine. Des abat-jour avec des collages de vieux magazines, des appliques “attrape-rêves” à l’occasion de la Foire du livre, des capsules de bouteilles ou des dosettes de café reconverties en boucles d’oreille ou en broches… C’est sans limite.

details3Pour les matières premières, la créatrice a ses filières approvisionnées: “les copines, quelques commerces, Emmaüs… J’ai d’abord acheté des vêtements portables, mais ça me gênait. Maintenant, j’ai un accord pour récupérer ceux qui partiraient à la poubelle.” Avec un principe indéboulonnable: “J’en jette le moins possible.” Elle a le don de recycler les chutes jusqu’à épuisement. “Je crée du plus grand au plus petit, du sac jusqu’à la boucle d’oreille.” Avec un certain succès: “Les gens rentrent par curiosité, ça fait de cadeaux personnalisés, certains reviennent avec un tissu ou un vêtement pour que j’en fasse autre chose.”

Aurélie a aussi une autre ambition: “Il me semble qu’on pourrait faire plein de choses pour les créateurs qui n’ont pas de lieu pour travailler ou se faire connaître…” En perpétuelle réflexion. “C’est vraiment un rêve d’Oré”, joue-t-elle sur le mot. “Je le vis et c’est pas fini.”

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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