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Mahyar Monshipour: “La rage d’être Français”

Il y a des combats qu’on mène sur les rings et d’autres au quotidien. Mahyar Monshipour en est l’illustration. Le sextuple champion du monde de boxe, champion aussi de l’intégration, en témoigne aujourd’hui à Brive aux Chapélies.

 

Programme chargé pour l’ancien poids super-coqs. Il est en séance de dédicaces jusqu’à 17h30 à la médiathèque Michel Dumas, place Nelson-Mandela. Il enclenchera à 19h30 une échange-débat au centre Raoul Dautry sur son livre La rage d’être Français puis assistera à 20h30 au spectacle Yunussa de la compagnie Les Singuliers et associés et échangera ensuite avec le public au côté des artistes. L’ancien champion intervient dans le cadre d’une opération menée par l’équipe éducative du centre Raoul Dautry intitulée “Projet jeunesse et institution“.

Petite bio express:

  • 1975, naissance à Téhéran
  • 1986, arrivée en France, à Poitiers, chez sa tante
  • 1996, premier combat professionnel
  • 2002, remporte le titre de champion de France
  • 2003, devient champion du monde
  • 2009, met un terme à sa carrière.

Il a beau avoir raccroché les gants il y a presque 10 ans, cet incroyable boxeur est encore gravé dans toutes les mémoires. Tant pour sa réussite sportive que son intégration sur laquelle il a écrit ce livre, lui l’Iranien arrivé dans l’Hexagone à 11 ans. Il en a aujourd’hui 43. Depuis 6 ans, il est conseiller technique national de la fédération de boxe et à ce titre intervient comme conseiller auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports. Un grand petit homme. Il impressionne par sa simplicité, sa voix posée, son discours construit, l’exemplarité qu’il incarne. Au croisement d’un Bouddha et d’un Spartacus.

Hier, sur le ring, il marquait de ses points. Aujourd’hui, le retraité des rings frappe les esprits de ses anecdotes. Plus direct qu’un long discours. “Lorsque je suis arrivé en France, au bout de deux ou trois jours, ma tante m’a envoyé tout seul acheter du pain avec une phrase apprise par cœur: “Je voudrais une baguette moulée s’il vous plaît”. Je ne savais pas très bien prononcer, mais je l’ai dite poliment et avec le sourire. Il faut d’abord se faire accepter.” Une volonté d’avancer. Toujours. “N’importe quel Iranien dans le monde représente l’Iran et tu te dois de respecter ton pays d’accueil.”

Il est catégorique: “C’est l’école qui a contribué à 99 % à mon intégration“. L’enseignement et la langue. La volonté de s’intégrer aussi et une foi dans la progression sociale. Un parcours qu’il transmet à ceux qu’ils s’apprêtent à rencontrer, quelque fois un peu éloignés de la scolarité ou de l’insertion. “J’ai été champion du monde, j’ai gagné de l’argent. Mais aujourd’hui, je me lève le matin, je vais travailler, comme leurs parents. Le travail, ce doit être un accomplissement.” Il ne nie pas quelques ostracismes de part et d’autre mais préfère prôner le partage: “Lorsque les enfants sortent de l’école, on ne leur dit pas comme au pays “va vendre des journaux pour aider la famille”. Ici, ils vont au club de sport ou à la maison. Quelle que soit l’identité des générations précédentes, ces gamins sont français au même titre que les autres. En plus, c’est génial, ils ont d’autres origines et c’est une richesse sur laquelle se construire. Ça, c’est un discours qu’ils n’entendent jamais.”

Mahyar Monshipour sera demain encore dans la cité gaillarde avec une matinée consacrée à l’entrainement des licenciés du Boxing club briviste. Il fera certainement aussi rêver d’autres jeunes, des plus grands aussi.

 

 

 

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

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