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Philippe Djian, le style à tout prix

Rencontre Phillipe Djian

Philippe Djian rencontrait son public hier après-midi au théâtre. Tranquillement, l’écrivain a déroulé le fil de ses pensées et dévoilé quelques secrets de son écriture qui ne ne veut rien devoir à l’histoire et qui ne tient qu’à un fil: son style.

Rencontre Phillipe DjianPousser la porte d’une librairie, c’est faire le pari d’en sortir transformé et grandi“, commence Philippe Djian. Un enrichissement qui ne doit selon l’écrivain rien à l’histoire mais tout au style. “On ne vient pas à la littérature pour lire des histoires. La langue et le style sont les seules choses qui méritent un intérêt. C’est eux qui induisent l’histoire”, estime-t-il. Reste qu’on ne peut écrire sur rien. Il le reconnaît. Il précise alors la trame de Vengeances, son dernier ouvrage paru chez Gallimard. “Le roman commence avec le fils du narrateur qui se suicide en se tirant une balle dans la tête. J’ai voulu rapidement me débarrasser de quelque chose qui ne m’amusait pas mais j’avais besoin de cette disparition pour que le père se rende compte qu’il avait raté quelque chose. Il fallait qu’il comprenne qu’il n’avait pas connu son fils.”

Rencontre Phillipe DjianLe travail accompli, l’écrivain repart sur ce qui lui paraît seul digne d’intérêt. “Un livre qui vous transporte ressemble à un fleuve. C’est de l’ordre de l’infra récit: quelque chose qui, sous le récit, subjugue.” Et comme un secret, il révèle ce que souvent, en tant que lecteur, on ne s’explique pas. “Ce que vous ressentez alors, quand un récit vous fascine, ce n’est pas l’histoire qui en est l’auteur. C’est quelqu’un qui vous fait voir le monde autrement, qui a mis la main sur vous.” C’est cela que vise Philippe Djian: mettre la main sur son lecteur. Et à sa table de travail, Djian le fait d’un seul jet, du premier. Surprise dans l’assistance. “Si on met une phrase au monde, il faut au moins qu’elle soit vivante. Rien ne sert de s’encombrer d’enfants morts-nés,”, illustre l’écrivain avant de préciser. “Je tourne la phrase dans ma tête et je ne la mets au monde qu’après avoir vérifié qu’elle marche avec celle qui précède , celle qui va venir et qu’elle me permet de continuer mon récit. Chaque phrase que j’écris est ce que j’ai pu faire de mieux au moment où je l’ai faite.

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Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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