L'actualité en continu du pays de Brive


Quand les pixels percutent la portée

Hier soir, le Conservatoire a organisé à l’auditorium Francis Poulenc un apéro-concert d’un genre assez nouveau. Sur scène, 3 cristal baschet, des percussions, une série de cymbales et une marinba. Il faut avouer que c’est déjà peu banal. Mais la cinquantaine de personnes présentes, installées autour de tables rondes, n’étaient pas au bout de leur surprise. Deux informaticiens, postés devant des ordinateurs, encadraient la scène. Pendant une heure, les 3 musiciens ont conversé avec ces chercheurs de profession, aux commandes d’un logiciel qui clonait et prolongeait leurs impros. Les spectateurs en sont restés bouche-bée.

Ordinateur et percussions

L’auditorium a joué la carte du lounge, hier soir, avec un apéro concert étonnant. La scène, débordante d’instruments d’apparence farfelue, était d’aspect assez baroque, complètement surréaliste. Françoise, une spectatrice sexagénaire, avoue sa curiosité: “J’ai déjà entendu du cristal baschet et je m’attends à quelque chose d’assez planant.”

Cristal BaschetDerrière les instruments, il y a Marc Antoine Millon, percussionniste structuriste enseigne son art à l’Ecole nationale de musique de Brive, Frédéric Bousquet, maître en conception de système technique et Laurent Mariusse (aux percussions et clavier électronique). Leurs prestigieux invités étaient Gérard Assayag et Georges Bloch, informaticiens et chercheurs à l’Institut de recherche et coordination acoustique et musique (IRCAM). Depuis 6 ans, ils travaillent avec Marc Chemillier à la conception d’OMax, un logiciel qui ne crée pas de musique mais qui restitue des séquences qu’il capte. Les musiciens, eux, s’adaptent et font évoluer la pièce dans le in vivo de leur création et des ajouts envoyés par OMax

A côté des ordinateurs aux formes carrées, les instruments apparaissent oniriques. Les sons, eux, sont tour à tour aériens, surnaturels, planants. Parfois, c’est une sacrée pagaille qui va jusqu’à la cacophonie criarde puis soudain, les sonorités redeviennent plus feutrées, presque cristallines.

Avant l’applaudissement final, le public a laissé planer un large silence.  “C’est déroutant, confie Françoise, presque angoissant à certains moments. Je ne peux pas dire que j’aime mais c’est une expérience. Je ne dirais pas qu’on peut appeler ça de la musique. Ceci dit,  je ne suis pas sûre que la musicalité soit le but”, avance-t-elle. “Le plus troublant, c’est que finalement, on arrive plus bien à savoir d’où vient le son: des instruments ou de l’ordinateur.”

“Ce qu’il y a de génial avec la musique, c’est ce mélange entre l’impalpable du son et l’abstraction de la note inscrite sur la portée”, avance Georges Bloch. Les artistes scientifiques s’attachent à explorer cette relation par le biais de l’improvisation. La surprise et la découverte étaient incontestablement au rendez-vous. Quand l’informatique rencontre la musique, le dialogue est électrique, éclectique. Les artistes, musiciens d’un côté et informaticiens de l’autre, ont gardé le fil de leur conversation sonore durant une heure, en équilibre instable entre le virtuel informatique et le réel instrumental.

Dans un tout autre style, le prochain apéro-concert se déroulera au Conservatoire le vendredi 5 mars à 18h30. Au programme: la musique celtique. Infos et réservations : 05.55.18.17.91.

 


Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

Laisser un commentaire

10 + 3 =