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Quand les quartiers de Brive ouvrent leurs “elles”

Elles habitent Tujac, Gaubre, Rivet ou les Chapélies et, bien que souvent isolées chez elles, ont “des choses à dire sur leur quartier”. Portée par le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), l’opération “Brive a des elles” entend donner la parole aux femmes et toute leur place dans la vie de la cité. L’action a été lancée aujourd’hui et se déroule chaque mardi jusqu’en juillet.

La date de lancement est des plus symboliques, en cette veille de journée internationale des droits de la femme. Joliment baptisée “Brive a des elles”, l’action s’intéresse aux femmes des quartiers dits “prioritaires”, relevant de la politique de la ville: Tujac-Gaubre, Rivet et les Chapélies. “Les femmes ne se sentent pas toujours légitimes à évoluer dans les lieux publics, du fait de leur situation d’isolement, de méconnaissance, d’auto censure… Elles ne sortent bien souvent que pour les courses ou aller accompagner et chercher les enfants à l’école”, explique Sancia Terrioux de l’antenne briviste du CIDFF. “Elles hésitent encore trop souvent à faire entendre leur voix et à prendre une place citoyenne à part entière. L’idée est de leur en faire prendre conscience, de les accompagner à faire valoir leurs droits et gagner en autonomie en les exerçant.”

Pour se faire, les participantes se réunissent tous les mardis de 14h à 16h, alternativement sur le terrain et autour d’une table. 18 rencontres sont prévues. “Le but est de visiter les différents quartiers, d’observer leur quotidien, voir à l’aide de fiches ce qui pourrait y être changé ou amélioré. Selon les besoins exprimés, des ateliers spécifiques pourront être organisés”, détaille Sancia Terrioux. “L’idée est d’avoir des femmes d’horizons différents qui ont envie de s’investir, de porter un regard sur leur ville, qu’elles deviennent elles-mêmes actrices dans leurs quartiers et soient de vraies forces de proposition.”

L’opération a déjà été menée l’an dernier sur Limoges. Quelques unes des participantes sont d’ailleurs venues parler de cette expérience à leurs consœurs brivistes. “Moi, je restais à la maison, je ne sortais pas, ou juste pour les enfants et les courses. Avec cette action, j’ai fait autre chose que le ménage et préparer à manger. J’ai rencontré d’autres personnes, je suis allée vers les gens et aujourd’hui je fais même partie du conseil citoyen. J’ai aussi découvert le métier d’aide à domicile et je vais suivre bientôt une formation”, témoigne avec fierté Dhouria. “Elles se sentent plus libres d’aller vers les autres et sont plus à l’aise pour s’exprimer”, a constaté Mathilde Gand qui les encadrait. “Elles ont également écrit un journal qui a été distribué dans tous les quartiers, un guide pour agir dans son quartier, monté une exposition pour présenter leurs propositions. Selon les quartiers, elles ont suscité des actions de nettoyage des lieux publics ou de lutte contre l’isolement des personnes âgées…” Le bénéfice est indéniable pour celles qui ont vécu l’expérience.

Tout juste installée à Rivet, Naima écoute attentivement ses ainées limougeaudes et finit par se confier elle aussi: “On a l’égalité à la maison, il n’y a pas de souci, mais j’ai un peu peur d’aller vers les gens, qu’ils me rejettent. Je me sens un peu enfermée.” Une autre de Gaubre se lance à son tour et évoque un problème d’arrêt de bus, parle du manque de propreté. La parole se libère, la réflexion s’amorce. Pour cette première réunion, elles étaient réunies à la Cité des métiers, à côté de la mairie, et malgré la pluie, elles ont commencé par un bref aperçu du centre ville. “L’action est ouverte à toutes celles qui ont envie de s’investir”, en appelle Sancia Terrioux. Celles qui sont intéressées par cette action peuvent prendre contact auprès du CIDFF Limousin antenne de Corrèze au 05.55.17.26.05.

 

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

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