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Soirée spéciale Au bord du monde

Demain, mercredi 29 janvier à 20h30, le cinéma Rex projète, en présence de son réalisateur Claus Drexel, Au bord du monde, le documentaire que les médias encensent comme “un film événement” depuis sa sortie mercredi dernier. Le sujet n’est certes pas des plus aguicheurs. On les appelle les clochards, les SDF, les sans-abri. Plus que des anonymes, des invisibles. Au bord du monde leur donne la parole, sans misérabilisme. Entretien avec son réalisateur.

Le film sera également programmé jusqu’au 9 février.

claus drexel.A défaut de sillonner les trottoirs comme il l’a fait pendant un an, Claus Drexel court maintenant les plateaux télés, les interviews et les entretiens téléphoniques, comme avec nous. “Ce qui m’a donné envie de faire ce film, c’est une idée qui me trottait dans la tête depuis de nombreuses années; je ne sais pas quelle est la situation à Brive, mais Paris, le nombre de sans-abri dans la rue, dans le métro, est absolument effarant. Ce sont des gens qu’on voit partout, qui font partie de notre quotidien, mais qu’on n’entend jamais. On ne sait pas ce qu’ils pensent, qui sont ces personnes… Je voulais absolument faire un film où on leur donne la parole, sans commentaire, analyse ou idée préconçue. Juste aller les voir, parler avec eux et voir ce qu’ils ont à nous raconter.”

Un documentaire donc. “Oui, mais dès le départ, je voulais faire un film à la fois très stylisé, très esthétique, un écrin, pour mettre en évidence le contraste inouï qu’il peut y avoir entre la beauté de Paris, ville archétype de notre civilisation, et la réalité de ces gens.” La misère posée sur un Paris de carte postale. De fait, grâce à Sylvain Leser, directeur photographique, jamais la ville lumières n’aura été aussi bien filmé.  “J’ai eu une chance énorme car il a fait une image absolument sublime pour le film. Il photographie les sans-abris depuis de nombreuses années et il connaissait cette population que moi j’ignorais totalement, il m’a montré comment les aborder.”

photo Sylvain Leser

Pendant un an, Claus Drexel est allé ainsi la nuit, après la fermeture du métro, dans ce Paris de carte postale, à la rencontre des sans-abri qui lui ont confié leur quotidien dans la rue, leur vision du monde, leurs débrouilles. Il a placé sa caméra à hauteur d’homme assis, en tendant son micro comme on tend la main. Bien sûr, le réalisateur a soigné son casting: “Dès le départ, il était clair que je ne voulais surtout pas forcer les paroles. On a passé beaucoup de temps avec eux. Un peu comme pour Le petit Prince et le renard, il a fallu nous apprivoiser. Les paroles qu’on a récupéré ne sont pas des réponses à des interviews, mais des extraits de longues discussions avec des amis. Je parlais avec eux pendant 3 heures!

affichePour le réalisateur, cette année de tournage a été “une leçon de vie”.  “Comme tout le monde, je pensais que ça allait être très difficile, parce que ce sont des gens qui fuient la société. Finalement, ils sont plus accessibles que ce qu’on pense. On peut leur parler comme à n’importe qui, c’est juste une barrière psychologique entre nous et c’est ça qui est terrible. Les politiques réduisent le problème des sans-abris à celui du logement, c’est évidement un  problème crucial, mais le vrai problème est que nous vivons dans une société où nous avons bâti un gouffre entre des personnes… C’est scandaleux de dire que ce sont des fainéants alors qu’ils ont une vie extrêmement difficile. Ce dont ils ont le plus besoin, c’est d’attention, de considération. C’est ce manque qui tue l’être humain.”

En leur rendant leur visibilité, Claus Drexel s’est aussi fait leur ambassadeur. Le résultat est un film poignant sélectionné ou primé dans plusieurs festivals. Ce documentaire exceptionnel, bouleversant, nous force à regarder et à écouter ceux que l’on ne veut plus voir. “Je n’oublie jamais comme dans Le Petit Prince, qu’une fois qu’on ce sera apprivoisé, on deviendra responsable l’un de l’autre. C’est un cadeau inestimable qu’ils nous ont fait en se livrant aussi sincèrement.” Pour lui, tels des derniers philosophes, “ce sont eux qui lancent un signe d’alerte”, en dénonçant une société déshumanisée. “Ce sont les plus démunis d’entre nous tous qui nous disent que l’essentiel n’est pas le pouvoir d’achat, mais la solidarité, le respect de l’autre, l’amour et l’amitié. C’est pour ça que ce film parle à tout le monde et que nous avons un tel retour incroyable de la presse.” A voir donc, absolument, pour changer de regard.

Au bout du monde au Rex du 29 janvier  au 9 février (1h38)

  • Séance en présence du réalisateur, mercredi 29 janvier à 20h30
  • Puis vendredi 31 janvier 16h, samedi 1er février 16h, dimanche 2 à 17h, lundi 3 à 14h, mardi 4 à 18h30, vendredi 7 à 11h et dimanche 9 à 14h30.
  • Tarifs: 6,5 et 5 euros.

 

 

 

 

 

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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