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Thomas Dutronc (dé)mène son public par le bout de sa guitare

Avec son jazz qui dépote, Thomas Dutronc qui fait rimer babouche avec manouche en a bouché un sacré coin – et même les quatre – au public de l’espace des Trois Provinces qui accueillait samedi soir, à l’invitation du SIJ, près de 1.700 personnes.

Thomas Dutronc n’a que récemment mis le pied dans la chanson. Dans la musique par contre, ça ne date pas d’hier, un bail même qu’il fait ses gammes auprès des meilleurs musiciens de jazz manouche dans le quartier de Saint-Ouen. Et ça se voit, ou plutôt ça s’entend! On a beau déjà connaître plusieurs de ses titres, les entendre en live avec des impros et des duos, notamment le violon de Pierre Blanchard associé à sa guitare, on n’en croit pas ses oreilles.

Sur une scène épurée où flotte en arrière-plan un grand écran qui colore la scène de différentes ambiances, place est laissée à l’essentiel, les instruments de musique: basse, tambourin, contrebasse, batterie et une ribambelle de guitares qui attendent sagement le moment d’entrer en scène.

Car c’est un concert époustouflant de musique, de bonne musique, celle qui électrise, donne envie de sourire, de sautiller et dresse les poils que Thomas Dutronc et sa bande de potes musiciens ont partagée avec un public qui a fait monter l’ambiance crescendo.

Ses plus grands tubes ont bien sûr rencontré un tonnerre d’applaudissements, au premier rang desquels Silence on tourne, on tourne en rond, qui a ouvert les festivités et qui est extrait de son second album et Turlututu qui pose un regard critique autant que naïf et dégagé sur le monde d’aujourd’hui. Un morceau qu’il a clos par un jeu de mots dont il est coutumier, que ce soit dans ses interviews ou ses chansons: “Y’a plus d’issue, on est foutu, turlututu, chapeau pointu, si j’aurais su, on l’a dans l’…” chante -t-il. “Un texte magnifique, superbe” (il est aussi connu pour son autodérision). Et il tranche, en prévenant que ce calembour a été inventé par la troupe l’après-midi même: “On a l’impression de s’être fait entuller!” Et il rit de toutes ses dents, de son visage d’adolescent à presque 40 ans, planté dans un costard noir et élégant, prolongé par des chaussures vernies. La classe. Il a de qui tenir en même temps.

Suivent encore l’incontournable J’aime plus Paris et son dernier single aux accents nostalgiques Sac Ado où il chante “Je me sens toujours un ado” et deux “djangos”, hommage à Django Reinhardt, son idôle. “D’habitude, on n’en fait qu’un, mais là on a eu envie de ça. J’espère qu’on n’a pas plombé l’ambiance?” Bien au contraire!

Après Comme un manouche sans guitare où la bande a vraiment fait les zouaves, avec clou du spectacle, le solo d’un musicien qui se gargarise la bouche remplie d’eau, sur son invitation, le parterre de spectateurs assis s’est levé et une bonne partie du public s’est même approchée jusque devant la scène pour fêter avec lui l’amour d’une musique où on retrouve beaucoup de Reinhardt mais aussi l’univers de Henri Salvador et même de M, ami proche du musicien.

A 22h, les artistes saluent la salle au terme d’1h30 de bonheur musical. Le public en redemande bien sûr. Et c’est durant ce moment d’effervescence que Thomas Dutronc choisit d’interpréter Sésame, un titre plus intime et profond à l’image de ce qu’il a voulu pour son second album. Le duo violon-guitare revient faire un coup de gringue à une salle debout et enthousiaste. Dernier petit tour et puis s’en vont. On aurait bien aimé tourner en rond avec Dutronc. Qu’aussitôt finit, ça recommence. Mais non, la salle se rallume. C’est déjà la fin.

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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