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"Toute la grande famille manouche est réunie au Rex"

Dans le cadre du mois du film documentaire, Des Caravanes dans la tête, de Sylvie Texier, tourné en partie au collège Jean Moulin, dans la classe du Dispositif d’accueil des adolescents du voyage (DAAV) a été projeté hier soir en avant-première dans la grande salle du Rex et fait salle comble.

“Toute la grande famille des manouches a fait le déplacement au Rex”, s’enthousiasme, avant la projection, Raphaël Descamps, professeur du DAAV à Jean Moulin. Les gens du voyage sont venus découvrir en avant-première, aux côtés de nombreux autres spectateurs, Des Caravanes dans la tête (Pyramide Production), le documentaire où Sylvie Texier les met à l’honneur. Les rires fusent ici et là, de gêne et de fierté, lorsqu’apparaissent en grand sur l’écran des visages familiers, leurs propres visages.

“Faire salle comble à Brive avec un film sur les manouches, c’est quelque chose!”, se réjouit l’enseignant. “Ça l’est aussi que les familles aient fait le déplacement. C’était un pari qu’on n’était pas sûr de gagner”, avance-t-il.

Les nombreux spectateurs d’hier soir ont eu la primeur de découvrir ce documentaire de 52 minutes, soutenu par la Ville de Brive et le Conseil régional, tourné par Sylvie Texier durant un an dans la région. Il offre de suivre dans leur quotidien trois professeurs: Raphaël Descamps donc, ainsi que Julie et Noémie dans leur camion-école de l’APEV 87.

Un documentaire riche des individualités de chacun: les professeurs, les enfants et leurs parents, tiraillés entre le fait de garder leurs progénitures sous leurs ailes et de leur permettre d’apprendre à lire, à écrire et compter à l’école: “C’est bien beau le voyage, mais il faut qu’ils apprennent des choses”, confie une mère de famille devant sa caravane.

Un tiraillement présent aussi du côté des enseignants pétris d’espoirs contradictoires qu’ils nourrissent à l’égard de ces enfants: entre le désir de Julie de changer les choses, de les ouvrir à une vie peut-être plus sédentaire et la crainte de Noémie de dénaturer leur culture. “Il nous revient de leur ouvrir des voies”, s’accordent-elles finalement. “L’important c’est de préparer les enfants à la vie de demain, de leur donner des outils pour qu’ils puissent la vivre dans les meilleures conditions”, ajoute Raphaël.

Si ces dispositifs sont un premier pas pour la scolarisation des enfants du voyage, beaucoup de chemin reste encore à faire: “Il faudrait que l’école soit plus accueillante”, souligne Julie. “On leur propose quelque chose qui est de l’ordre de la pure abstraction alors qu’eux n’apprennent que par le faire”, pointe-t-elle pour exemple.

“Ce documentaire apporte plus de questions que de réponses”, reconnaît Sylvie Texier. “Il a en tout cas l’avantage de nous réunir tous. A travers lui, se dessine mon utopie: celle d’une école qui reste ce lieu du vivre-ensemble.” Plaidoyer pour la différence, ce documentaire offre de découvrir une autre façon  de vivre l’école, d’exercer son métier d’enseignant. “Avant je disais que c’était super intéressant d’être prof au DAAV; maintenant je mets en avant la difficulté de la tâche”, rapporte Raphaël Descamps. “En fait, c’est tellement intéressant que je ne voudrais pas qu’on me pique mon poste!” 

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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