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Une belle histoire qui met en selle un club cycliste au Sénégal

Le Thies baobab

Comme certaines belles histoires, celle-ci a sa part de hasards et de rencontres improbables. Au bout du conte, l‘association briviste La Gaillarde De Carvalho a donné vélos et pièces détachées à un jeune Sénégalais venu étudier et travailler en France. Du matériel qui a permis de créer sur place à Thiès un club cycliste. Et ce n’est qu’un début.

Ousmane CisseL’histoire a germé il y a quelques années lorsqu’un patron corrézien, spécialisé dans les montages de serres et de tunnels, séjourne pour son travail au Sénégal. C’est là qu’Alain Lalo, ledit patron, rencontre Ousmane Cissé, un gamin souffreteux pour lequel il se prend d’affection. On vous la fait courte: le Reygadais prend le jeune sous son aile jusqu’à le fait venir en France en prenant en charge ses études. Heureux hasard, la spécialité choisie est justement dispensée à l’IUT de Brive GEII (Génie électrique et informatique industrielle). Or Ousmane, 26 ans, est passionné de vélo depuis son plus jeune âge comme nombre de ses compatriotes, passion qu’il remise le temps d’obtenir son diplôme. “Ce sport est peu pratiqué au Sénégal, pour des raisons financières, c’est trop cher, mais il est très apprécié. Le Tour de France est très regardé”, raconte Ousmane. Justement, il fait la rencontre d’un ancien de la Grande boucle, Alain De Carvalho. Et l’histoire va changer de braquet. Sensible au dénuement des pratiquants africains, le Briviste va décider également de se mobiliser.

Des vélos remontés sur place. Photo Thies baobab cyclesAvec son association La Gaillarde De Carvalho, celle qui co-organise avec l’ASPTT la course annuelle du même nom, l’ex-coureur va sélectionner vélos, pneus, pédales, roues, pignons et autres pièces détachées afin de les confier à Ousmane pour qu’il les distribue sur place. “On peut récupérer du matériel qui n’est obsolète qu’en terme de design. C’est dommage de la sacrifier pour de la ferraille alors qu’il peut être utilisé ailleurs“, explique Alain De Carvalho.

Le jeune Sénégalais profite d’un bref retour en avion pour emporter le matériel le plus léger. “J’avais 70kg de pièces alu et de pneus en bagages!” Le plus gros du don prendra la voie terrestre à Noel dernier, acheminé en fourgon avec l’entrepreneur bienfaiteur devenu depuis son patron. “Tout avait été démonté pour gagner de la place et nous avons reconstitué 11 vélos.” Des engins qu’il ne s’agissait pas de voir s’évaporer dans la nature, ce qui pousse Ousmane à créer un club avec frères et amis: le Thiès baobab cycles. “On est 32 membres pratiquants, le plus jeune à 14 ans. Il y a une fille, une seule pour le moment. On s’entraîne tous ensemble, vélo route et VTT, tous les dimanches. Thies est la 3e ville du Sénégal, à un carrefour routier, avec de bonnes infrastructures, ce qui nous permet de rouler correctement.”

“Le vélo m’a toujours fait rêver, mais je n’aurais jamais pu imaginer qu’un jour je créerais un club, encore moins d’étudier et de travailler en France”, avoue Ousmane. Alors ce rêve éveillé lui donne des ailes: “On s’entraîne pour être les meilleurs du pays et on veut remporter le Tour du Sénégal qui aura lieu en décembre.” Rien de moins! “On a déjà fait une course. La première place nous a échappé, mais on a remporté toutes les suivantes. On est le club le mieux équipé, avec même une voiture de ramassage et des maillots “faits maison” par mon cousin, en rouge et noir. On fait sérieux et ça fait sensation en traversant les villages.” L’exemple crée même une certaine dynamique, entraînant dans sa roue d’autres clubs qui veulent eux-aussi avoir désormais leur propre maillot d’équipe. Le Thiès baobab cycles a donc pris un bon départ.

Velo Senegal 11Aujourd’hui, Ousmane a repris son travail en France. Pour l’heure, il ronge un peu son frein, avec sa jambe fracturée lors d’une partie de foot. Mais il va bientôt se remettre en selle, vraisemblablement au sein de l’ASPTT briviste. “J’aimerais aussi me former pour pouvoir entraîner mon club.” Et il continue de rêver: “Je voudrais que le vélo prenne une autre dimension au Sénégal: il n’y a pas de calendrier de courses, de clubs aux normes, de vraie structure… Ça va être plus long, mais on va y arriver.” Le passionné n’en doute pas, d’autant que l’initiative est encouragée par le président de la ligue continentale.

De ce côté-ci de la Méditerranée, l’idée maintenant serait aussi de passer à la vitesse supérieure: “Le but final est de récupérer du matériel de compétition”, espère Alain De Carvalho. “Le club d’Objat a également remis en état de nombreux vélos que nous pourrions envoyer au Sénégal. Le problème, c’est de financer l’acheminement. Il va falloir qu’on s’organise pour trouver des sponsors.”

Velo Senegal 3

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Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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