C’est avec la Suite bergamasque de Debussy interprétée par François Dumont sur le propre piano du compositeur conservé au musée Labenche que s’est ouverte la présentation de la saison. Dans un lieu quelque peu insolite situé sur le boulevard Koenig, juste à côté du cinéma Rex : cette bâtisse imposante, ancien bâtiment de la Banque de France que la société Sothys qui l’a racheté, a transformé en lieu de réunions et de formation de référence.
Pourquoi dans ce lieu? Outre le fait qu’un concert se tiendra aux Jardins de Sothys à Auriac (le 12 juillet prochain, un duo harpe violon avec Alexandra Bidi et Iris Scialom, nommée Révélation soliste instrumental aux Victoires de la musique classique 2025), les deux structures ont en commun d’être le fruit d’une histoire familiale transmise avec passion et cette exigence de sublimer la nature et la beauté, en cosmétologie pour l’une, en musique classique dans divers sites patrimoniaux pour l’autre.
Deux histoires incarnées aujourd’hui par Frédéric Mas pour Sothys et Diane du Saillant pour le Festival de la Vézère, s’inscrivant dans les pas de leurs prédécesseurs aujourd’hui disparus, tout en épousant la modernité de leur temps. « Son père et ma mère voulait déjà faire quelque chose ensemble », explique la présidente du Festival. Tout naturellement. C’est ainsi que le cadre apaisant de Mauriac niché aux confins de la Corrèze est entré dans une programmation qui met en lumière les talents musicaux, confirmés ou en devenir, tout autant que notre richesse patrimoniale dans toute sa diversité.
Après le préambule des chœurs d’enfants du projet Sing’in des 11, 12 et 13 juin (consultez notre précédent article S’épanouir en chantant), cette 44e édition va ainsi égrener dans 20 lieux en Corrèze du 8 juillet au 10 août pas moins 24 événements et quelque 110 artistes. Un programme que la présidente qualifie de « magnifique bouquet d’été de fleurs champêtres ». On y retrouve tout ce qui fait l’ADN du Festival : des noms bien connus de la musique classique, des piliers, des fidèles, des nouveautés, des jeunes et quelques libertés.
L’édition s’offre une ouverture grand public au théâtre de Brive le 8 juillet avec le très médiatique Jean-François Zygel faisant résonner au piano de tout son talent d’initiateur Les Fables de la Fontaine. Deux autres concerts se dérouleront dans la cité gaillarde.
Le deuxième concert à Brive qui sera donné le 19 juillet, fait le lien avec le Lovely Brive Festival du moment et se tiendra juste à côté, en Tribune Nord CAB à 11h, avec Greg Zlap, harmoniste virtuose de Johnny Hallyday, et le brillant pianiste de jazz Paul Lay pour un répertoire de musiques de films « et certainement aussi de Johnny ».
Enfin, le 24 juillet en la collégiale Saint Martin, résonnera l’orgue avec Emmanuel Pélaprat pour accompagner la trompettiste Lucienne Renaudin-Vary. L’artiste qui avait déjà joué au Festival il y a 10 ans – elle avait alors 15 ans -, devenue Révélation aux Victoires de la Musique classique, a fait depuis belle carrière au point d’être surnommé la « Fée trompette » par Le Monde et porte l’affiche de cette 44e édition.
Le Festival a de tout temps promut les jeunes talents. Elle accueille encore cette année ce que la présente nomme « la génération 21e siècle », née après 2000, comme le violoniste Léo Couralet, 19 ans (10 juillet chapelle du saillant), la violoniste Iris Scialom et l’harpiste Alexandra Bidi, 23 ans toutes les deux (12 juillet à Auriac et 13 en l’église de Malemort), et la pianiste Arielle Beck, 16 ans (28 juillet en l’église de Saint-Ybard).
La manifestation soigne aussi son côté « familial » avec des artistes réguliers comme le violoncelliste Raphaël Pidoux qui viendra pour la première fois tout seul interpréter les Suites de Bach dans le cadre des Pans de Travassac (28 juillet). Il reviendra aussi en concert avec 7 autres jeunes violoncellistes (31 juillet aux Ardoisières d’Allassac).
Très apprécié aussi l’Orchestre de la Garde Républicaine, dans sa version à cordes avec le clarinettiste Amaury Viduvier, lui aussi déjà accueilli lorsqu’il était encore au conservatoire, pour interpréter pour la première fois au Festival La Petite musique de nuit de Mozart (26 juillet, place du Lavoir à Collonges-la-Rouge).
Sera aussi marqué le 300e anniversaire de la création du chef-d’œuvre de Vivaldi, Les Quatre Saisons, revisité par l’ensemble Janoska, un quatuor slovaque très créatif composé de trois frères et leur beau-frère (22 juillet aux Jardins de Colette). Le pianiste Pascal Amoyel interprètera des œuvres de Chopin (28 juillet à Uzerche). Thibault Cauvin, considéré par son jeu unique comme l’un des meilleurs guitaristes classiques au monde, marquera le concert de ses 40 ans (30 juillet à la Grange rouge à Turenne).
Il y aura aussi le claveciniste Justin Taylor, très réputé Prix de Bruges, l’orchestre de l’Opéra royal du Château de Versailles (4 août en la cathédrale de Tulle), le chef Joël Suhubiette et le chœur de chambre Les Éléments (6 août en l’abbatiale d’Aubazine)… et bien sûr l’incontournable week-end Diva Opera avec cette année deux grands divertissements, Les Noces de Figaro et Don Pasquale (8- août au Domaine de Sédières, 9 et 10 août au Saillant).
Des concerts pour certains précédés de moments de rencontres, de visites ou balades dans cet esprit qui insuffle le Festival tout autant que sa présidente: « la curiosité, le vivre ensemble et le partage ». Un beau « bouquet estival », assurément.
Ouverture de la billetterie pour les adhérents dès demain 16 avril et pour le public le 30 avril. Infos et réservations sur festival-vezere.com, au siège 10 boulevard du Salon et au 05.55.23.25.09.