Salle comble jusqu’au fond du balcon au Théâtre pour la « Grande leçon » avec Matthieu Ricard venu parler de son volumineux livre Un demi-siècle dans l’Hymalaya.
C’est la première fois qu’il honore la Foire du livre, et certainement la dernière, ce n’est pourtant pas faute de passer souvent par la cité gaillarde. « Ma mère habite à 50km d’ici », répète-t-il. Il a 72 ans et l’on se prend à calculer l’âge qu’elle peut avoir. « L’éternité, c’est long, surtout sur la fin », lui emprunte-t-il avec humour. La salle jubile.
Entre anecdotes, humour et pensées profondes, le moine bouddhiste se raconte et raconte son nouveau livre. Quasiment l’œuvre d’une vie. Pendant un demi-siècle, il a photographié ses maîtres spirituels, aujourd’hui disparus pour la plupart. Il a immortalisé le monde fascinant qui les entourent, l’intimité des monastères et la majesté des sommets himalayens du Népal, l’immensité des hauts plateaux tibétains et la nature sauvage du royaume du Bhoutan. Il aura partagé la vie des moines, des paysans et des nomades en se consacrant parallèlement à plus de deux cents projets humanitaires. Cette sélection de 350 photos accompagnées de textes, est un hommage éclatant à la sagesse, la compassion et à l’Himalaya.
Il vous explique que « la photographie, c’est savoir tout de suite où se mettre », que cet art « fait partie de mon bagage qui change ma vision des choses », peut-être le « seul métier » qu’il sait faire puisque moine relève plutôt d’un « état ». Et s’il ne devait garder que 10 images, ce serait indubitablement les portraits de ces maîtres spirituels, Dilgo Khyentse Rinpoché en tête de liste, qui fut son premier guide, car ils sont « inspirants ». Imaginez qu’on est un portrait de Socrate ou de Saint-François d’Assise », lance-t-il en parenthèse pour aussitôt revenir au sujet: « En regardant ces les visages si différents, ce qui les unit, c’est cette qualité d’être, ce qu’ils incarnent, l’illustration de ce qui est au bout du chemin, la transformation intérieure. »
Dans cette tradition vivante, l’essentiel relève de l’indicible. Il l’illustre en racontant sa première rencontre avec son maître spirituel: « Je suis resté assis par terre chez lui quasi un mois… On peut donner tous les superlatifs qu’on veut, il y a une sorte d’évidence qui s’impose. C’est une qualité de présence. On se dit qu’on aimerait bien être sage, résiliant, bon, joyeux, serein, au moins un peu comme eux. C’est d’autant plus inspirant qu’ils vous montrent ce que vous pouvez devenir, ça parait accessible. »
Une pause pour enchainer taquin: « Trump, c’est sur, il dégage autre chose, on a pas forcément envie de passer 15 jours assis à se pieds »… Et d’y revenir un peu plus tard: « C’est la personne qui a dit le plus de « je » et de « moi » dans l’histoire de l’Amérique… Voyez ce que ça donne. » Matthieu Ricard tire à vue sur cette « épidémie de narcissisme » en ressortant une formule qu’il a mise au point dans les coulisses: « Le « je » est un cul de sac. Avec l’altruisme, tout le monde est gagnant. Voir des gens heureux vous rend heureux. » La salle est comblée et applaudit à tout va.
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