Une étude du cabinet d’expertise a.i.d, spécialiste dans le développement du potentiel économique et commercial des territoires, « Brive commerce 2030, Quel centre-ville pour demain ? », a donné quelques pistes pour redynamiser le commerce du centre-ville de Brive lors du rendu aux commerçants et à la presse qui s’est déroulé, la semaine dernière, dans la nouvelle tribune nord du CAB. Si l’ouverture des commerces entre midi et deux a monopolisé les débats, il y a dans cette étude bien d’autres idées pour que le cœur de ville reste dynamique et pas que commercialement. La Ville de Brive n’a pas attendu ce constat pour multiplier les mesures pour que le cœur de ville continue de battre et pour longtemps.

Le constat
L’étude du cabinet a.i.d spécialiste dans « le développement du potentiel économique et commercial des territoires » a rendu une étude sur le centre-ville de Brive qui bien entendu s’est axée sur sa vitalité commerciale. On le sait et cela a été dit bien entendu, Brive dispose d’un centre-ville dynamique où il fait bon se promener, Brive est une ville historiquement commerçante et attractive au-delà des frontières du département. Il est vrai que celui qui voyage un peu et visite d’autres villes peut se rendre compte de l’attractivité du cœur de ville briviste par rapport à celui d’autres cités (à ville équivalente bien sûr). Comme le relève l’étude on y vient pour ses commerces non-alimentaires, alimentaires et ses marchés notamment.
Cependant, nous sommes nombreux à observer que beaucoup de commerces baissent le rideau, d’autres sont fermés depuis longtemps et la conjoncture économique ne laisse pas présager de jours radieux. Le centre-ville de Brive a un taux de vacance commerciale de 15 % (96 cellules commerciales du centre sont considérées comme vacantes). C’est la moyenne nationale, mais elle a augmenté. Il n’y a pas le feu au lac, mais mieux vaut prévenir que guérir. De cette étude ressort quelques idées pour redonner un coup de fouet au commerce du centre-ville, quitte à aller contre certaines habitudes.
Le cabinet a.i.d fait notamment le constat, grâce au bornage des téléphones portables, que le centre-ville de Brive est fréquenté de manière importante sur le créneau 12h-14h et ce tous les jours de la semaine (excepté le dimanche).

Ce bâtiment de la rue Gambetta dont le local commercial et les logements sont vacants est le symbole de ce qu’il ne faut plus voir en centre-ville.
Les commerces du centre-ville ouvriront ils entre midi et deux ?
C’est un vieux serpent de mer local qui va peut-être trouver enfin une issue. En tout cas, cette étude conforte l’office de commerce de Brive (qui vient de changer de nom et s’appelle désormais Brive Commerçante) dans sa volonté de créer une dynamique afin que les commerçants (hors restaurateurs) du centre-ville ouvrent entre midi et deux. Mais sachant que cette question est loin de faire encore l’unanimité et c’est un euphémisme, Brive Commerçante souhaite être pédagogue et patiente. Dans un premier temps, il s’agirait d’ouvrir sur ce créneau le vendredi et le samedi.
Des difficultés en effet sont bien réelles. Il y a autant de situations que de commerces, (les franchises de la rue Toulzac sont toutes ouvertes entre midi et deux, un commerçant sans salarié va avoir plus de mal à ouvrir en journée continue) et la culture de la pause déjeuner et bien ancrée chez les clients mais aussi chez les commerçants. Il faudra convaincre particulièrement ces derniers. En tout cas, toute tentative de communication sur l’ouverture sur ce créneau horaire sera vaine tant qu’une très grosse majorité des commerces ne jouera pas le jeu. Pour autant, il semble bien que ce jeu en vaille la chandelle.
11h-13h et 16h-18h sont les tranches horaires où il y a le plus de monde en ville
L’étude d’a.i.d prouve par les chiffres que, d’une part le centre-ville est fréquenté toute la semaine de façon assez régulière. En effet, si le samedi est le jour où les chalands sont les plus nombreux en centre-ville (environ 55 000), le lundi, près de 40 000 personnes se promènent dans ses rues. Le reste de la semaine, il y a entre 45 000 et 55 000 personnes. D’autre part, et c’est là ou l’étude fait mouche, les tranches horaires de fréquentations sont assez équilibrées de 10h à 18h. Avec deux pics notables : la tranche 11h-13h et 16h-18h avec environ 9 000 visiteurs recensés.
Les chiffres ne mentent pas, dit-on. Dans ce cas, effectivement, c’est incontestable, l’acheteur potentiel est bien là. Il faut donc le capter même si le flux ne fait pas le chiffre d’affaires, comme cela a été rappelé. Néanmoins et certains commerçants présents lors de cette soirée l’ont souligné, ils font un bon chiffre d’affaires entre midi et deux.
Quid du lundi ?

S’il a été énormément question de l’ouverture entre midi et deux, la journée du lundi en centre-ville n’a pas été vraiment évoquée. On vient de le voir, c’est une journée fréquentée. Or, il faut bien le dire, le lundi dans le centre-ville c’est morne plaine… À vue de nez, 90 % des commerces sont fermés. Le Briviste est habitué et ne se risque pas à sortir ce jour-là, par contre le touriste qui vient passer quelques jours à Brive et qui se casse le nez déjà le dimanche sur les grilles des magasins dont les restaurants, se le casse un peu plus le lundi… Il faudra sans doute étudier cette question notamment pour les vacances scolaires et particulièrement celles de l’été.
La Ville de Brive fait déjà des efforts
La Ville de Brive n’a pas attendu cette étude pour relever les manches et prendre des mesures pour soutenir les commerces et ainsi contribuer à dynamiser le centre-ville.
Elle a même une vision beaucoup plus globale puisque la municipalité tente également de faire revenir des habitants en cœur de ville car ces nouveaux habitants sont de potentiels chalands supplémentaires. L’étude relève que la dépense moyenne d’un ménage est de près de 14 000 euros par an. Tout sauf une paille. Il y a donc tout intérêt à refaire venir des ménages, c’est à dire des familles en centre-ville. Problème à Brive et selon l’étude d’a.i.d, les 3/4 des personnes vivants dans le centre-ville de Brive vivent seules… Le projet Chapeau rouge qui verra se substituer à la résidence autonomie des appartements de grand standing pourrait attirer des ménages avec un pouvoir d’achat certain comme cela a été le cas pour la résidence Massenat.
Concernant plus précisément le commerce, le dispositif Briv’Accélère, avec son panel d’aides a contribué et contribue toujours à l’installation et au développement de nouvelles enseignes. La vente récente de la Trésorerie par la Ville, qui s’était portée acquéreur de ce bâtiment en 2022, à la famille Salesse qui va installer, dans ce magnifique bâtiment des années 1930, une biscuiterie haut de gamme, va également dans le sens de cette volonté de dynamiser le centre-ville. Ce n’est pas la première fois que la Ville achète un local pour ensuite le revendre ou le louer. Elle peut choisir ainsi le futur propriétaire ou, dans le cas d’une location, peut en maitriser le loyer. Une autre opération de ce genre devrait avoir lieu, rue Gambetta. Si la Ville n’a pas vocation à devenir un propriétaire-bailleur la question des loyers commerciaux à Brive se pose réellement.
Des loyers parfois trop chers
A Brive les loyers commerciaux sont très élevés, c’est ce que dit l’étude a.i.d. Un peu plus de 150 euros le m2 (par exemple pour un local de 50 m2 , le loyer annuel est de 7 500 euros). Plus cher qu’Evreux, Blois, Carcassonne ou Albi. Des villes d’à peu près la même strate. La valeur locative moyenne paraît importante. Un loyer trop cher c’est un frein à l’installation. Cependant certains propriétaires préfèrent apparemment ne pas louer que d’envisager une baisse des loyers.

Taxer les commerces vacants ?
C’est une solution qui existe déjà à Brive pour les logements, elle pourrait être étendue aux commerces abandonnés.
La taxe sur les friches commerciales, comment ça marche ? (source economie.gouv.fr) |
La taxe sur les friches commerciales (TFC) est un impôt local qui peut s’appliquer à certains biens inexploités. C’est une taxe annuelle qui peut être instituée sur un territoire donné pour lutter contre la vacance commerciale par délibération des communes ou des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), comme l’Agglo. La taxe sur les friches commerciales s’applique aux locaux commerciaux sous certaines conditions cumulatives. L’assiette de cette taxe est constituée par le revenu net servant de base à la taxe foncière sur les propriétés bâties. Son taux est évolutif : 10 % la 1re année d’imposition, 15 % la 2e année d’imposition, 20 % la 3e année d’imposition. Les collectivités locales peuvent décider d’augmenter les taux sous réserve de ne pas dépasser le double du montant fixé, soit au maximum 20 %, 30 % et 40 %. |
Une politique du stationnement attractive

On ne cesse de le dire et de le répéter, les tarifs du stationnement à Brive ne sont pas élevés et sont adaptés. Pour les courses courtes, il faut privilégier le stationnement sur voirie avec une demi-heure gratuite. Pour les courses qui durent un peu plus, le stationnement sur les parkings sous barrière est intéressant. Deux heures sont gratuites ! Enfin, pour les durées plus longues, les parkings souterrains ont des tarifs imbattables. Rappelons encore une fois, que le samedi, ils sont à 1 euro. Rappelons également que la Ville doit lutter contre le phénomène des voitures ventouses, le stationnement payant reste inévitable.
Quel centre-ville pour demain ?

C’est une partie du nom de l’étude menée par a.i.d et finalement ce sujet a très peu été abordé. C’est Frédéric Soulier, maire de Brive, qui l’a évoqué dans la partie débat, à la fin de la présentation. A quoi ressemblera le centre-ville en 2030 ?
Le centre-ville sera sans doute connecté grâce au réseau LoRa, qui fait partie du contrat de performance signé avec Bouygues et Spie Batignoles-Malet, concernant le renouvellement total de l’éclairage public. Les nouveaux candélabres, 100 % LED, sont pilotés à distance et présagent du futur centre-ville. On peut ainsi contrôler l’intensité et décider d’éteindre ou d’allumer un quartier, une rue selon les besoins. Fin mars, le centre-ville sera totalement équipé. Au delà de l’économie d’énergie réalisée, puisque ce contrat de performance oblige l’opérateur à une baisse de la facture de 83,01 % pour la Ville, l’impact environnemental est aussi limité.
D’autres fonctions de contrôle à distance pourront et devraient être mises en place grâce à ce réseau LoRa. La gestion des conteneurs enterrés pour programmer des levées efficientes, la gestion des places de stationnement en temps réel, l’arrosage.

Le centre-ville devrait devenir également piéton, du moins certains jours, avec l’installation de bornes rétractables à l’entrée de chaque artère. « Il faudra un système hybride a même évoqué l’élu, car il faut que le centre reste accessible en voiture notamment pour les livraisons et les habitants. » L’installation de ses bornes se justifiera aussi pour des questions de sécurité, « le cœur de ville est un lieu de vie qui doit être sécure », a ajouté l’édile.
Enfin, l’intérieur de la première ceinture des boulevards sera aussi de plus en plus végétalisé. L’installation d’ilots de fraicheurs va se multiplier avec la création par exemple de rues-jardins. A deux pas du centre-ville, l’ilot Churchill, dont les travaux ont commencé et devrait se terminer au début de l’été, jouera le rôle de véritable poumon vert au sud de la ville. Le parking va être totalement réaménagé et, tout en gardant le nombre de places, sera verdi avec la plantation de nouveaux arbres. La place de la Halle, véritable étuve l’été, devrait être prochainement végétalisée.
Si le centre-ville fait l’objet de tant d’attention c’est qu’il est, comme l’a dit Frédéric Soulier, « le cœur de la ville. Il agit comme un muscle qui irrigue les autres artères. En prendre soin et le maintenir attractif, c’est prendre soin de la Ville et la maintenir attractive. »