« Sur la route de papa » ou le long chemin d’un cinéaste briviste

Le Briviste Nabil Aitakkaouali signe son premier long métrage "Sur la route de papa" qu'il présente en avant-première vendredi 16 mai à 20h45 au CGR. Une fierté pour cet acharné autodidacte qui veut aussi montrer que tout rêve est réalisable.
Les acteurs sur le tournage de "Sur la route de papa"
DR

Le film coréalisé avec Olivier Dacourt (oui, l’ancien footballeur international qui en est aussi le producteur) sortira en salle le 18 juin prochain. Au casting, le comédien humoriste Redouane Bougheraba, les actrices Caroline Anglade et Farida Ouchani.

L’histoire raconte le périple d’une famille comme tant d’autres, briviste soit-elle dans le vécu, traversant chaque été France et Espagne à bord d’une vieille Renault 21 jusqu’au Maroc pour revenir au Bled. Avec sur cette route du passé, la promiscuité de l’habitacle, les souvenirs et rancœurs refaisant surface et des paysages qui révèlent toute leur beauté.

« Combien de fois je l’ai fait ce voyage, petit, ado et grand, avec la voiture et le porte-bagages ! », s’exclame Nabil Aitakkaouali. « Quand on arrivait chez mes grand-parents, mes parents leur racontaient tout ce qui nous était arrivé. » Cet écho personnel, le Briviste voulait depuis longtemps en faire un film. C’est chose enfin faite à 49 ans.

Mais c’est bien plus qu’un road movie familial émouvant. Pour lui, c’est enfin la concrétisation d’un rêve. Celui d’un gamin de Tujac qui a grandi loin des plateaux et caméras avec une passion chevillée au corps : faire un jour du cinéma. Un avenir hasardeux voire impensable aux yeux de sa famille et de ses copains. « Ce n’était pas mon univers, je ne connaissais personne dans ce milieu… »

Les deux réalisateurs Olivier Dacourt et Nabil Aitakkaouali lors du tournage
Lors du tournage avec Olivier Dacourt. DR

Alors, le jeune Nabil tait son désir et suit un cursus plus « conforme »: collège Jean Moulin, lycée Cabanis, bac, études supérieures en DUST profession immobilière à Limoges puis Montpellier. Mais le rêve est toujours là, enfoui en lui comme un vital trésor.

« Je suis totalement autodidacte. J’allais beaucoup à la bibliothèque, je lisais des articles sur les acteurs, je m’intéressais à l’histoire d’Hollywood… Surtout la carrière d’Anthony Quinn, son parcours m’inspirait, le fait qu’il soit parti de rien, qu’il ait gravi les échelons, ça me parlait… » Et un jour l’occasion se présente ou plutôt il la crée.

Il profite d’un stage à Paris dans le cadre de son cursus universitaire pour passer des entretiens, rentre dans une start up et saisit sa chance. « J’ai proposé un concept d’émission alors que je n’avais jamais fait de formation. Il s’agissait de découvrir une personnalité à travers son téléphone portable. » C’est lui le créateur de la série Mon téléphone et moi qui passait sur NRJ 12. « J’apprenais le métier en même temps que je montais le projet. J’ai rencontré des cadreurs, des monteurs qui m’ont fait rencontrer d’autres gens du cinéma, du show-biz, Cyril Hanouna, Manu Payet, des chanteurs… j’ai commencé à faire mon petit réseau. J’étais à l’aise, c’était fluide. »

C’est surtout la création de la série suivante, Coups lisses du football, vendue à Canal + qui lui ouvre davantage l’horizon. « J’ai rencontré les auteurs des Guignols, des Tuch… J’ai appris à écrire des scénarios. Je suis parti à Los Angeles développer la même série adaptée au basket avec pas mal d’allers-retours entre les deux pays. Je suis revenu à Paris travailler sur un projet avec Claudia Tagbo qui joue d’ailleurs dans mon film. Je recroise Olivier Dacourt, je lui parle du projet Sur la route de papa. Il adore et voilà. »

Voilà sommairement résumé une trentaine d’années à poursuivre l’étoile qui brillait en lui. « Monter un film, c’est une montagne, c’est un miracle en soi. Un rien peut gripper la machine, c’est très fragile. » Il n’est pas du genre à s’épancher sur les vicissitudes traversées, son énergie le pousse à voir toujours au-delà. Mais d’où lui vient cette volonté, cette persévérance à suivre son cap ?

« Je suis né à Brive, j’ai grandi à Brive et à 5 ans, mes parents m’ont envoyé chez mes grands-parents, je ne parlais pas un mot d’arabe. Je suis revenu en France à 11 ans, il fallait que je réapprenne à parler français, on se moquait de mon accent. Mais ce handicap est devenu un atout pour moi. Ça m’a endurci, forgé le caractère, avec l’envie de créer quelque chose qui soit grand. Partir de zéro, je l’avais déjà fait deux fois, alors le faire pour le cinéma… Il faut être psychologiquement fort car c’est aussi un milieu très dur. »

Nabil veut aussi transmettre un message : « Si moi j’y suis arrivé, rien n’est impossible si on a l’envie, le talent, le travail, même si au départ le rêve parait inatteignable. Il ne faut pas le laisser de coté, ça vaut le coup de prendre le risque de tout lâcher pour le tenter. »

Dans la grande tournée de promotion, le réalisateur tenait absolument à faire une avant-première à Brive. « C’est beaucoup d’émotion de présenter ici mon premier film. Dans ma ville. J’ai toujours été fier de mes origines. Partout où je vais, je dis que je suis de Brive-la-Gaillarde. « Ha oui, le rugby », on me répond. » Surtout, il y aura ses parents dans la salle.

« J’arrive avec quelque chose de concret, dans l’esprit de le célébrer avec eux. Cette histoire racontée de l’intérieur du voyage va leur parler. Ils vont vraiment découvrir mon travail et je suis curieux de voir comment vont le prendre mes amis, mes proches. » Même si le tournage ne part pas de Brive, mais d’Aulnay, ville où a grandi son co-réalisateur, le but du chemin est bien le village de son père au Maroc.

« Cette histoire appartient à tout le monde, les Magrébins qui l’ont fait, mais aussi les Espagnols, les Portugais, les Italiens… C’est la Madeleine de Proust de tous ceux qui ont fait ce voyage. Ça touche aussi les Français qui nous voyaient passer faire ce voyage ou les gens là-bas qui nous attendaient. »

Le réalisateur est même passé de l’autre côté de la caméra et fait une petite apparition à la Hitchcock dans son film. « J’y ai aussi glissé de mon trauma personnel. Le personnage principal reproche à ses parents de l’avoir laissé au Bled. Pour être dans l’émotion, la sincérité, pour que ça sonne vrai, il fallait puiser dans le vécu. » Ce premier film lui aura apporté de la sérénité. « Ça a réglé plein de choses en moi, ça m’a apaisé et conforté dans mon idée de continuer. Ce n’est qu’un début. »

Il a d’ailleurs déjà un deuxième film en gestation. « Je pars d’une source réelle pour construire une histoire touchante sur un sujet universel qui apporte de la lumière. » Il ne veux pas trop en dévoiler. « J’ai envie de m’inscrire dans ce cinéma là et j’ai besoin de cette résonance. » Il a aussi parallèlement d’autres projets en cours. « Je suis en pour-parlers pour une série que j’ai créée et aussi sur la co-écriture d’un film comédie. » Avec toujours cette envie de partager ce qui dont il s’est nourri. « Le plus beau voyage, c’est d’être ensemble », comme l’annonce l’affiche du film.


Avant-première vendredi 16 mai à 20h45 au CGR Brive en présence des réalisateurs Nabil Aitakkaouali et Olivier Dacourt. Projection suivie d’une rencontre. Réservations dès maintenant sur le site ou l’App CGR (tarif à 5,50 euros jusqu’au 9 mai).

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