René Dubois, 98 ans, originaire de Pompadour, s’est engagé à 18 ans dans la Résistance et a participé activement à la Libération de Brive. Il poursuivra avec l’Armée française les nazis jusqu’en Autriche. René Dubois nous a reçus dans son appartement de Pompadour situé à deux pas de l’avenue de la Libération. Clin d’œil à l’Histoire ou simple hasard ?
Le regard bleu de René Dubois, 98 ans, est intense et vif, la poignée de main ferme. Sur la table du salon de son appartement de Pompadour sont étalés des souvenirs, papiers officiels de son engagement dans la Résistance puis dans l’Armée française. Sur l’un des murs sont accrochées les médailles qu’il a reçues. Légion d’honneur, médaille militaire, ordre national du mérite, croix de guerre avec étoile et citation, croix du combattant volontaire, engagé volontaire Libération… ainsi qu’une fourragère, dont il est particulièrement fier, avec un médaillon sur lequel est inscrit Limersheim, ville à partir de laquelle il a traversé le Rhin, entrant ainsi en Allemagne.
René Dubois s’est engagé à 18 ans dans la Résistance. Il raconte son histoire simplement avec humilité et le sens du travail accompli. Ni plus ni moins.
Ses parents sont originaires des Gatouilles, il y tient, à côté de Pompadour. René Dubois nait pourtant le 4 octobre 1925 dans les Deux-Sèvres. « Un accident. Ma maman est allée accoucher chez ses parents ». Mais c’est bien en Corrèze qu’il passe son enfance. A Saint-Julien-le-Vendômois à quelques encablures de Pompadour. « J’ai ensuite passé mon certificat d’études à Lubersac. Je voulais devenir instituteur mais mon père a été mobilisé en 1939, j’ai donc commencé à travailler à 15 ans dans l’exploitation familiale. » C’est depuis ce pays de cocagne qu’il aime tant que René Dubois assiste à la débâcle de l’Armée française en 1940 et à la fuite vers la zone libre de la population venue souvent de l’Est. « Des soldats sont arrivés jusqu’ici… des familles réfugiées aussi. Je ne peux pas vous décrire ce que c’était… c’était affreux. Mes parents les ont accueillis, nourris. »
Depuis cette Corrèze encore protégée, un petit groupe de jeunes, dont René fait partie, écoute, avec un poste de radio bricolé, Radio Londres. Ils se tiennent ainsi informés des actualités.
Déjà engagé dans la Résistance, René Dubois entre, en mars 1944, à 18 ans, dans l’Armée secrète (AS) au sein du bataillon AS de trèfle, chargé de couvrir la zone à l’ouest de Brive. Bien armé suite à plusieurs parachutages dès le début du mois de juin, le bataillon As de trèfle mène embuscades, sabotages de voies ferrées, destructions des châteaux d’eau privant les locomotives d’approvisionnement, vol de provisions et d’armements à l’ennemi. Ces actes, avec d’autres, menés de toutes parts, permettent d’isoler Brive et conduiront à la reddition de la garnison allemande.
Au matin du 15 août 1944, René Dubois avec ses compagnons sont aux portes de Brive, ils attaquent et neutralisent le blockhaus situé route de Varetz (probablement aujourd’hui situé vers le centre de secours) dernier rempart allemand à l’ouest de Brive. Le soir la reddition allemande sera signée.
Mais René Dubois ne s’arrête pas là. Il aurait pu. Il continue vers l’Auvergne à la poursuite des Allemands. Puis il s’enrôle dans le Régiment de Marche Corrèze Limousin (RMCL), constitué essentiellement de maquisards, et part combattre dans l’Est de la France. Le RMCL est intégré ensuite au 9e régiment des Zouaves avec lequel il sera l’un des premiers à franchir le Rhin à Limersheim pour entrer en Allemagne. Un épisode que René n’oubliera jamais. Le jeune corrézien finira son périple militaire en Autriche à Bregenz. Quelques mois après, il défilera avec le 9e Zouaves dans Brive, à l’occasion de la première commémoration de la Libération de la ville. René Dubois sera à Brive, ce 15 août, pour fêter la Libération de la ville, 80 ans après.