Il fallait jouer des coudes pour rentrer dans la salle Claude Duneton et pour cause : Leila Slimani prix Goncourt 2016 avec Une chanson Douce, y côtoyait Jean-Baptiste Delamo, Goncourt lui aussi du premier Roman en 2009 pour Une éducation libertine et invité cette année pour son dernier ouvrage Règne animal.
Il n’était pas question d’éducation hier ou de libertinage, mais plutôt de sauvagerie. De mort, de fracture, d’effacement. Des histoires sombres dans lesquelles : les bêtes, du côté de Jean-Baptiste Delamo et les humains, avec Leila Slimani se perdent et s’anéantissent. Le privilège de pouvoir entendre les auteurs, de les voir, leur parler et écouter leur voix semblait hier, encore plus que d’habitude, prendre tout son sens à Brive. La foule, les spectateurs assis par terre, ceux qui se bousculent pour être au premier rang, ceux auxquels rien ne fait peur, même pas un sol mouillé pour le plaisir absolu de voir leurs auteurs faisaient figure d’histoire.
Leila Slimani parlait non seulement de son livre, mais de ses personnages, comme des êtres vivants et incarnés que l’on identifie et que l’on connaît par leurs prénoms et il en était de même pour Jean-Baptiste Delamo. Le succès d’un livre n’est –il pas aussi de donner la vie à des êtres : héros et héroïnes d’histoires qui deviennent nos compagnons et acquièrent une identité propre et légendaire ?
Lors du débat animé par Baptiste Liger le rôle crucial de l’éditeur dans le travail littéraire est apparu au grand jour. Leila Slimani et Jean-Baptiste Delamo tous deux publiés chez Gallimard ont le même. Assis en retrait derrière ses poulains, Jean-Marie Laclavetine hochait la tête. C’est lui qui à la manière d’un guide a permis aux deux jeunes auteurs d’éviter les évidences, de privilégier l’audace, de favoriser les ruptures de récits pour capturer le lecteur. C’est une écriture qui se tisse à plusieurs mains à plusieurs voix et au cours de laquelle naissent et s’épanouissent les grands écrivains.
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