Quelque 400 jeunes Brivistes reçoivent chaque année leur première carte d’électeur et pour la première fois une cérémonie a marqué cette entrée dans la citoyenneté.
« Ô jeunesse, jeunesse ! Je t’en supplie, songe à la grande besogne qui t’attend », a entamé Thomas Bourgninaud devant ses congénères. Il vient juste d’avoir 18 ans, le 2 septembre dernier.
Sans faillir, l’élève du Cours Florent, célèbre école de formation au métier d’acteur, a lu la Lettre à la jeunesse écrite en 1897 par Émile Zola. Un très beau texte exhortant les générations montantes, à l’aube d’un nouveau siècle, à s’impliquer dans la marche de l’humanité.
« Je vous demande, à vous, d’aller voter : c’est un devoir. »
« Qui se lèvera pour exiger que justice soit faite […] Qui donc, si ce n’est toi ? », a déroulé Thomas, d’une voix posée, maîtrisant son débit mais prenant la portée de chaque mot qu’il découvrait. « C’est un texte fort qui m’a profondément interpellé, avec cette sensation étrange de m’adresser aux jeunes réunis devant moi alors que j’en suis moi-même un. »
Une lecture qui amplifie le témoignage apporté par Rose Massoutre dite Rosette, 102 ans, conviée à venir parler à ces nouveaux citoyens. Elle dont l’arrière-grand-père illettré n’a jamais pu voter car il n’avait pas de biens. Elle qui n’a pu le faire qu’à partir du moment où ce droit a été accordé aux femmes, en 1944. « C’est un droit obtenu par des luttes. Alors, je vous demande, à vous, d’aller voter : c’est un devoir. Les avancées sociales ne tombent pas du ciel. »
« Nous pouvons exprimer nos opinions, nous sommes privilégiés par rapport à d’autres pays,
alors on a le devoir d’exercer ce droit. »
Des mots qui portent. « Lorsqu’une centenaire parle, il vaut mieux l’écouter, surtout lorsqu’on a que 18 ans », réagit sous l’émotion Thomas. « Nous pouvons exprimer nos opinions, nous sommes privilégiés par rapport à d’autres pays, alors on a le devoir d’exercer ce droit. Avant, je ne m’intéressais pas à la politique, maintenant je réfléchis car je n’ai pas envie de faire n’importe quoi avec ma carte d’électeur. Ma voix compte. Voter, ce n’est pas laisser qu’aux autres les choix pour l’avenir », mesure le jeune homme qui rêve de devenir comédien et de pouvoir incarner Buckingham dans Richard III.
« Je suis maintenant à Paris, mais je reviens régulièrement à Brive, ce sont mes racines et c’est là que je veux voter. » Une vingtaine de jeunes Brivistes ont ainsi reçu ce soir-là, fin octobre 2024, des mains du maire Frédéric Soulier, leur carte de vote et un livret citoyen pour les accompagner au prochain scrutin. « C’est une première. Nous avons voulu organiser ce moment pour vous rappeler l’importance du droit que vous acquérez. Refuser de l’exercer, ce serait comme refuser une certaine idée de la liberté. »