Samuel, arrivé en Corrèze en 2023 en provenance du Portugal, est aujourd’hui restaurateur de documents à La Reliure du Limousin.
Samuel Maia Arrojado Rodrigues, 30 ans, est originaire de Leiria, ville du centre du Portugal située entre Coimbra et Lisbonne. Depuis mars 2025, il est employé en CDI à La Reliure du Limousin après avoir passé son CAP dans le centre de formation de l’entreprise installée à Malemort. Au-delà de sa fonction de restaurateur attaché au fonds iconographique, il représente également l’entreprise à l’étranger lors de campagnes de formation et de restauration. Lors de notre rencontre, il s’apprêtait à s’envoler pour l’Afrique du Sud.

Un peu comme Obélix pour la potion magique, Samuel est tombé dans la marmite de la reliure et de la restauration de documents assez jeune puisqu’il a passé un bac « restauration et conservation d’ouvrages ». Il a poursuivi ses études supérieures et a décroché un master spécialité « ouvrages d’art graphique », durant lequel il a travaillé sur la conservation préventive de certains ouvrages émanant du monastère cistercien d’Alcobaça et datant, pour les plus anciens, du 12e siècle. Un « job » très méticuleux, intellectuellement et scientifiquement enrichissant car ces parchemins ont bien des secrets à révéler. Que cela soit sur les matières employées ou sur les origines de ces matières.
Quelques mois après avoir obtenu son diplôme, Samuel rejoint la bibliothèque universitaire de Coimbra. Il est chargé de restaurer certains documents tout aussi prestigieux que ceux d’Alcobaça. Pour la petite histoire, l’université de Coimbra est l’une des plus anciennes universités d’Europe, réputée, elle possède un fonds de documents précieux. « C’est là que j’ai appris concrètement les métiers de restaurateur et de relieur, j’ai vraiment mis la main à la pâte. » Et quel apprentissage ! Il en tire une expérience forte et touche du doigt, déjà, un savoir-faire.
Samuel reste trois ans à Coimbra. Le jeune homme sent qu’il doit quitter son pays, « un ressenti, explique-t-il, j’avais 28 ans, et l’envie d’accroître mes expériences et d’améliorer mon CV ».
« La France n’était pas mon premier choix, c’était même le dernier ! » avoue Samuel dans un large sourire. Il postule donc un peu partout à travers l’Europe mais n’obtient pas de réponse positive. Il ne désespère pas pour autant. Une connaissance lui conseille de chercher sur le Pôle emploi européen (eh oui, ça existe !) un travail qui pourrait correspondre à ses envies et compétences… Samuel se lance, tape dans la barre de recherche « restauration de documents anciens » et tombe sur La Reliure du Limousin qui propose des formations par le biais d’un CAP. Après quelques péripéties, Samuel décide d’écrire un mail directement à l’entreprise. Une semaine après, Théophile de Bonnaventure, directeur de La Reliure, lui répond personnellement. Rendez-vous est pris pour une visioconférence quelques jours seulement après ce premier contact. Dans un français hésitant saupoudré d’anglais, Samuel convainc Théophile. Un vendredi de juin, il est convoqué pour visiter les ateliers de l’entreprise et mis à l’épreuve puisque Théophile lui demande de bien vouloir s’attaquer à la restauration d’un document. Samuel signe les papiers d’inscription pour le CAP dans la foulée.
En mars 2025, il signe un CDI et intègre le fonds iconographique de La Reliure, Samuel travaille essentiellement sur des affiches, des plans cadastraux… Au-delà de son travail ici en Corrèze, Samuel s’envole de temps en temps vers des destinations exotiques. L’année dernière, il est allé avec d’autres salariés de l’entreprise en Arabie Saoudite. Et à l’heure où vous lisez cet article, il est en Afrique du Sud. « Je suis très heureux, c’est une formidable expérience. Je suis également fier de représenter La Reliure du Limousin et la France à l’étranger ! » nous disait-il lors de notre entretien quelques jours avant de décoller.
Samuel, qui a eu l’hiver dernier un peu le mal du pays, est désormais bien dans ses baskets en Corrèze et plus particulièrement à Brive. Il habite le quartier Zola et flâne souvent en cœur de ville. Fan de la gastronomie locale, il aime aussi la situation géographique de la cité anciennement bordée de remparts qui lui permet, dès qu’il le peut, de découvrir un peu plus la région au sens large. « La Corrèze est magnifique mais j’aime aussi la Dordogne, le Lot, le Cantal… Paris et Bordeaux ! »
Le Portugais ne serait-il pas en train de tomber amoureux de la France ? Ce n’était pourtant pas, souvenez-vous, son premier choix.