Brive compte deux nouvelles rues dans le quartier des Beylies basses : Jacqueline et Jeanine Granet, Édouard et Henri Valery. Leur inauguration hier s’inscrit dans le cadre du 80e anniversaire de la libération de Brive.
27 mai. La date n’a rien du hasard et la double inauguration qui s’est tenue hier en fin d’après-midi, débutait les commémorations de cette journée nationale de la Résistance. Elle fait référence à un autre 27 mai, 80 ans plus tôt, où des grands noms, tel Jean Moulin, qui ont œuvré face à l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, ont tenu la première réunion du CNR, Conseil national de la Résistance.

“Notre ville s’inscrit dans ce faire vivre la mémoire et la responsabilité. Brive aujourd’hui exprime sa reconnaissance à ces frères et sœurs, des personnes ordinaires, pas si ordinaires que cela, car des hommes et des femmes déterminés, animés par un idéal de vie… Des héros anonymes”, déclarait le maire Frédéric Soulier après le dévoilement des plaques. “Nous avons voulu mettre en avant le combat commun de ces quatre jeunes gens accrochés à l’essentiel: la liberté, liberté que nous leur devons.”
Henri et Édouard Valery avaient 16 et 18 ans en 1940. Leur âge a frappé Aleyna, 14 ans. Habitant ce lotissement qui domine les Beylies basses, elle est sortie avec sa maman pour assister comme d’autres résidents à la cérémonie. À la curiosité devant le protocole avec portes drapeaux a succédé un intérêt respectueux à l’écoute des discours. “C’est fort que notre rue porte le nom de résistants. C’est une fierté.”
Jacqueline et Jeanine Granet étaient deux sœurs, filles et petites-filles des résistants Paul et Gaston Granet. À la demande d’Edmond Michelet, Jacqueline entre en Résistance en venant en aide aux réfugiés de 1940. Trouver un logement, une école et un travail pour ces familles deviendront vite ses missions à part entière. Elle repère également les Juifs et les met à l’abri, leur procure de faux papiers d’identité. Membre de l’Action indépendante de la jeunesse catholique, elle est rejointe par sa sœur qui a commencé à résister en distribuant des tracts. Toutes deux, elles incarneront le service social du mouvement Combat et se rendront dans les prisons où sont interrogés les résistants, en se faisant passer pour leur famille. Elles auront un rôle déterminant dans les renseignements de la résistance. Une rue Gaston et Albert Granet, résistants, respectivement père et frère de Jacqueline et Jeanine, existe déjà à Brive.

Ouvriers peintres, proches des jeunesses communistes, Édouard et Henri Valéry sont deux frères, entrés dans la résistance locale dans le sillage d’Edmond Michelet. Arrêtés pour avoir distribué le journal du mouvement Combat en mai 1942, ils sont condamnés à un an de prison. En 1943, ils fondent un maquis des francs-tireurs et partisans (FTP) au sud de Brive, et Édouard devient dirigeant de la direction départementale des FTP de la Corrèze. Henri, pour sa part, est impliqué dans la logistique des maquis de la zone sud, et échappe à la Gestapo de Lyon, dirigée par Klaus Barbie. A la Libération, Édouard sera le chef du premier bureau des Forces françaises de l’intérieur (FFI) de la Dordogne. Après avoir reçu la médaille de la résistance, il est fait en 2001 chevalier de la Légion d’honneur. “Cette plaque est un jalon mémoriel de plus de la Résistance briviste“, a conclu Bernard Delaunay, président de l’ANACR (Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance).
// Article de Marie-Christine Malsoute / Photos de Fatima Kaabouch