A J- 2 des élections américaines, l’auteur de La vengeance des mères qui redonne une voix aux indiennes d’Amérique, ne mâche pas ses mots pour évoquer les imminentes élections dans son pays.
Jim Fergus séjourne régulièrement dans l’Aveyron qu’il qualifie de « grands espaces de la France ». Mais ce n’est pas ce qui lui procure ce sentiment d’être étranger à son propre pays. « J’ai l’impression que je l’ai perdu. Avec 50 millions d’Américains qui soutiennent Trump, je ne le reconnais plus. » Lui qui était très fier de voir arriver un président noir à la Maison blanche, avoue avoir « honte de ce qui se passe aux États-Unis ». Le candidat républicain, « l’énormité foraine » comme l’a qualifié Yasmina Khadra lors d’un débat avec Jim Fergus, exacerbe les travers du grand continent d’Outre-Atlantique et la toute puissance affichée par une caste blanche. Celle-là même qui a écrit l’histoire officielle du pays étoilé.
C’est cette histoire que revisite Jim Fergus, la part amérindienne occultée. Grand admirateur de cette culture, fervent défenseur de l’environnement à l’instar de ses compagnons de route Jim Harrison et Rick Bass, Jim Fergus ne pense pourtant pas ses romans comme un plaidoyer pour la cause indienne, mais comme un moyen de faire connaître un pan essentiel de l’histoire des États-Unis, aujourd’hui encore passé sous silence dans les écoles et ignoré par une majorité d’Américains.
Seize ans après son best-seller Mille Femmes blanches, l’écrivain redonne vie à quelques-uns de ses personnages emblématiques dans le deuxième volet de ce qu’il a annoncé comme une trilogie bâtie sur une histoire vraie. En 1875, le président Grant, accepte l’incroyable échange proposé par le chef cheyenne, Little Wolf : mille chevaux contre mille femmes blanches pour sceller la paix entre les deux peuples.
Sur le même format, La Vengeance des mères compile les carnets – tout aussi fictifs – d’autres Américaines, rédigés après le massacre d’une réserve indienne par l’armée sur lequel s’achève Mille femmes blanches. Dans cette suite, un nouveau groupe de « volontaires », recrutées alors qu’elles étaient emprisonnées ou internées dans des asiles, débarque chez les Cheyennes. Toutes horrifiées par le comportement sanguinaire de l’armée américaine, elles tournent définitivement le dos au monde dont elles viennent et se rangent aux côtés des Indiens, jusqu’à prendre les armes contre l’État fédéral lancé dans une guerre d’extermination.
S’il lève le voile sur ce pan d’histoire enterré, Jim Fergus ne tombe pas pour autant dans le travers du révisionnisme en idéalisant la part opprimée: « Il n’y a pas de sauvage noble, c’était un peuple qui avait sa spiritualité, mais aussi une culture guerrière ». Toute la complexité du monde.
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