Il y a des livres qui, si différents soient-ils, sont des semblables voyages à la reconquête de soi. Ainsi de Petit pays, révélation de l’automne, dans lequel Gaël Faye fait revivre ses souvenirs d’enfance dans un Burundi ravagé par la guerre, et Au commencement du septième jour de Luc Lang dont le héros va devoir interroger les secrets de famille qu’il avait toujours fuis. Deux livres qui remontent aux sources, de l’enfance comme de l’Afrique, pour mieux écrire la suite. Comme s’il n’y avait pas de fatalité.
À 34 ans, la figure montante de la scène du rap française publie Petit pays, un premier roman en tête des ventes. Un succès remarquable. Pourtant, à regarder le sujet, rien n’était gagné puisqu’il est question de la guerre civile au Burundi et du génocide dans l’État voisin du Rwanda. Ces événements terribles sont vécus à hauteur d’un enfant, Gaby, le double de l’auteur. Il y raconte le monde absurde et violent des adultes mais aussi les jeux, les parfums, les sons, les saveurs certes aux couleurs de l’Afrique, mais d’une enfance universelle, comme souvent idéalisée. Gaël Faye en appelle à ce paradis perdu pour chacun d’entre nous, une forme d’adieu à l’insouciance. « Gaby se pensait enfant et pas métis, Rwandais et encore moins Tutsi. Lorsque la guerre le rattrape, « la question de son identité va lui apparaître et il devra choisir un camp. »
Basculement similaire avec Thomas, le personnage central de Luc Lang dans Au commencement du septième jour. Thomas, trentenaire, père de deux enfants, voit sa vie partir en vrille lorsqu’on lui annonce que sa femme est dans le coma à la suite d’un accident de la route. Fin de la cécité pour cet informaticien qui, avec la surpuissance que confère la maitrise des logiciels, se croyait porté vers une irréversible réussite toujours plus grande. « Il doit affronter quelque chose qui n’a rien de technique et se confronter à la question de l’existence« . Gaby comme Thomas vivaient ainsi chacun dans leur « impasse », « une sécurité illusoire ».
« J’ai écrit ce livre aux moments des attentats à Paris, de Charlie Hebdo« , resitue Gaël Faye. « Comme Gaby, on recherche toujours à se préserver de la violence, avec une mauvaise foi, pour ne pas la voir, comme si nous n’étions pas concerné », analyse l’auteur. « Ce monde dans lequel on a l’impression d’être en sécurité, comme capitonné… On se dit que la violence est lointaine, ailleurs, en Afrique… Et lorsqu’elle arrive ici, elle nous laisse hagard. » La barbarie ici, le génocide ailleurs, l’holocauste bien avant… « Ce qui se passe dans le monde nous concerne tous, c’est une question de responsabilité et de conscience du monde. »
Dans l’un comme l’autre roman se côtoient aussi toujours les ténèbres et la lumière. Pour le rappeur auteur, il est de sa « responsabilité quand on crée de donner de la poésie, un décollement de la réalité, un peu d’espoir et de lumière« . Ce que Luc Lang répète lui aussi au fil de son histoire avec « Il faut continuer »: « Si on a la force de continuer, on a la force de résister et de construire un avenir, une possibilité de devenir« .
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