
Face(s) à face(s) au musée Labenche, Faunes à la chapelle Saint-Libéral… Deux expositions qui interpellent, assurément. Ce samedi 20 juillet, vous pouvez les découvrir en visite commentée: à 10h pour Labenche et à 11h15 pour Saint-Libéral. Réservation recommandée mais non obligatoire, possibilité d’assister aux deux visites ou non.

À une centaine de mètres l’une de l’autre, les deux mises en scènes sont surprenantes voire troublantes, participerait à une même envie de s’interroger. Au musée, une quarantaine de bustes s’observent, des vis-à vis qui se répondent à deux ou à plusieurs en une conversation muette dans laquelle le visiteur se glisse en voyeur et, se joint silencieusement au dialogue. L’exposition est très justement intitulée Face(s) à face(s). Elle vous invite à la découverte du buste sculpté.

On y croise une galerie de portraits de la Grèce antique à nos jours. L’ingéniosité est d’avoir convoqué les époques à une grande table ronde, d’avoir mixé l’ancien au moderne comme pour se jouer de l’histoire. Référence aux ancêtres, révérence aux puissants, dévotion à un culte, objet sacré, décoratif ou créatif, le buste a traversé les siècles comme le miroir de notre société.
On y sent l’aura des puissants avec cette enfilade d’hommes illustres sortie des réserves. C’est d’ailleurs à cette occasion que les conservateurs ont retrouvé le fameux buste de Rodin dont la restauration a fait l’objet d’une souscription publique. Marbeau, Lachaud, Boudy, Marcellin… des noms de Brivistes qui peuplent nos plaques de rues ou places dont on peut lire l’histoire résumée. Le buste du célèbre Pierre-André Latreille converse en aparté avec l’Aporia Crategi, une œuvre en porcelaine de Limoges signée Juliette Clovis, légère comme les papillons du « prince de l’entomologie ».

On découvre à travers une vidéo la démarche artistique de François Chaillou qui expose Humaine nature humaine, un visage en cire se mariant aux bouquets de lichen. On touche aux pratiques animistes. Quand la nature semble reprendre ses droits… Le buste se fait militant avec Under construction d’Anne Wenzel, devoir de mémoire avec Exode de Sandrine Plante, témoignant des vies volées par l’esclavage…
Une exposition caléidoscopique qui met en lumière les œuvres restaurées du musée tout autant . Elle a nécessité un gros travail de recherche et a pu être enrichie par les prêts d’autres musées, mais aussi de particuliers et d’artistes.
S’il fallait un lien visible entre les deux expositions, ce serait ce buste Pan de François Lelong dont les œuvres peuplent actuellement la chapelle Saint-Libéral. Autre lieu, autre atmosphère, plus tamisée avec ces « hybridations » entre les règnes animal et végétal, entre cabinet de curiosités et métamorphoses. On avait déjà contemplé une de ses œuvres lors de l’exposition Curiosité(s) qui avait marqué la renaissance et la réouverture du musée l’an dernier.
D’emblée, on est happé par ce que l’on pourrait croire des trophées de chasse disposés sur un pan noir. Des cranes, pour la plupart de cervidés, l’animal le plus chassé par l’homme depuis la nuit des temps, surmontés de bois et branchages que l’artiste a ramassé en forêt tel un chasseur-cueilleur d’autrefois et qui leur redonnent majesté. Des bois dont se nourrissaient les animaux.
« Les sculptures de François Lelong abolissent ainsi la frontière entre le naturel et le culturel, convoquent l’univers des lisières et de la forêt pour mieux questionner notre rapport au monde sauvage », explique Laudine Michelin, responsable des expositions.
Une humaine animalité qui interroge les mythes. Les êtres hybrides sont saisies dans des postures tranquilles, des moments suspendus, comme pour profiter d’un repos ou s’interroger sur sa propre nature.

Il y a cet Actéon, petit-fils d’Apollon, chasseur orgueilleux transformé en cerf par Artémis et ainsi condamné à être poursuivi par ses chiens qui ne le reconnaissent pas. L’artiste s’amuse à promener cette œuvre à travers les sites-refuges, par exemple en juin dernier à la grotte Bouyssonie lors des journées de l’archéologie. Trône aussi La Centauresse, figure féminine avec le corps d’une biche, une œuvre réalisée spécialement pour l’exposition. Des animaux humanisés, des hommes bestialisés… Des représentations qui convoquent le sacré enfoui en chacun de nous.
Deux expositions qui se découvrent telle une promenade, en se laissant porter par ses émotions. Mais si vous souhaitez en savoir plus, ne manquez pas leur visite commentée ce samedi.
Face(s) à face(s) au musée Labenche, 26 bis boulevard Jules-Ferry, jusqu’au 12 janvier 2025. Du mardi au dimanche de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h (fermé les 1er novembre, 24, 25, 30 et 31 décembre). Tarifs d’entrée au musée. Infos au 05.55.18.17.70.
Faunes à la chapelle Saint-Libéral, 10 rue de Corrèze, jusqu’au 29 septembre 2024. Du mardi au samedi de 10h à 18h, dimanche de 15h à 18h. Entrée gratuite. Infos au 05.55.74.41.29.








