L’image est forte. Les deux maires de Brive et Lauf, Frédéric Soulier et Thomas Lang, déposant de concert une gerbe devant la stèle. Une première depuis la création du jumelage. Alors qu’hier, deux pays se faisaient la guerre, les voici aujourd’hui réunis en paix, côte à côte, devant le monument en place du 15 août 1944, dédiée à la libération de Brive par ses propres moyens.


Une place bondée et pas moins de cinq vagues successives de dépôts de flammes, bouquets et gerbes pour marquer ce 80e anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie et de la victoire française de la Seconde guerre mondiale. « Il y a 80 ans, la France et l’Europe se relevaient d’un conflit inédit, qui avait déchiré les peuples frères d’Europe et d’ailleurs. Pour la première fois, le vainqueur a tendu la main au vaincu pour construire demain. Une paix unique dans l’histoire du monde », a rappelé Frédéric Soulier.


Des générations ont ainsi pu naitre, grandir et vieillir dans la paix. « Notre bien le plus précieux. Il reste de tout cela la certitude d’une Europe qui doit se serrer les coudes, être solidaire face à l’adversité et aux dangers qui nous guettent dans le vaste monde. Une Europe qui préserve la paix, sans naïveté, en restant en capacité de se défendre. »
Impossible de ne pas associer à cette cérémonie la ville jumelle Mélitopol, toujours occupée par les forces russes. « Nos amis ukrainiens continuent à souffrir, à résister, à se battre. » Comme en écho à la résistance d’ici hier à travers des figures comme Michelet tout autant que des anonymes comme les libérateurs de Brive René Dubois et Gérard Coulon, disparus ces dernières semaines.
« C’est à eux que nous devons notre liberté. C’est à eux que nous devons de continuer à transmettre face aux tentatives de réécriture de l’histoire« , a exhorté le maire qui s’est félicité de voir les jeunes générations présente en nombre à la cérémonie. Aux côtés des officiels et militaires, quelques 120 jeunes dont une quarantaine de jeunes qui ont participé activement au déroulé de ce vibrant hommage.
À la dizaine d’élus du conseil municipal des enfants revêtus de leur écharpe tricolore, s’ajoutaient des enfants des écoles de Bouquet, Roger Gouffault et Bossuet, des collégiens de Rollinat, Jean Lurçat, Jean Moulin, Cabanis, d’Arsonval, Notre Dame Jeanne d’Arc, Bossuet, pour la plupart en classe de défense, des lycéens de Bahuet, Lavoisier, d’Arsonval, des Jeunes sapeurs pompiers, des représentants de la Préparation militaire Marine de Brive et du Souvenir français.

« Cette année en histoire, nous avons appris l’enfer des tranchées de Verdun, la montée des régimes totalitaires dans l’entre-deux-guerres, l’occupation de notre pays par l’Allemagne nazie. Nous avons réfléchi aux dangers des idéologies racistes et antisémites qui conduisirent à l’extermination de six millions d’hommes, de femmes et d’enfants », ont témoigné des élèves de l’établissement d’Arsonval qui ont pu vivre un échange avec la realschule Oskar Sembach de Lauf. « Pour beaucoup des liens d’amitié se sont tissés, de petits fils qui viendront renforcer le rapprochement entre nos deux pays et le jumelage entre nos deux cités. »
« Ces rencontres entre les jeunes instaurent une connaissance mutuelle, socle de la paix« , a salué Thomas Lang. Le maire de Lauf s’est dit très impressionné par la cérémonie. « On sent la fierté, la cohésion du peuple. La paix est ce qu’il y a de plus précieux et c’est d’autant plus important d’associer la jeunesse aux commémorations. »
Arrivée ce matin, la délégation allemande est présente à Brive jusqu’à samedi. Les deux villes renouvelleront demain 9 mai, journée de l’Europe, les vœux d’amitié et de coopération en signant symboliquement 40 ans après un renouvellement de cette convention de jumelage de nos deux villes, en présence d’ailleurs de Rudiger Pompl, maire de Lauf à l’époque. « Quelle belle histoire de transmission », a conclu le maire en rappelant que ce travail de mémoire ne se limite pas à ces journées de commémorations, et doit être une quête quotidienne. Pour que de telles abominations ne se reproduisent alors même que percent des menaces anciennes.










