La structure du CCAS fonctionne comme une épicerie à prix mini avec des salariés en chantier d’insertion. Un lieu pour reprendre pied et s’en sortir.
Boulevard Amiral-Grivel, c’est une épicerie presque comme une autre. Sauf que son accès passe au préalable par la commission permanente du CCAS de la Ville. S’y croisent les multiples visages d’une fracture sociale : travail précaire, sans emploi, maigre retraite, mère seule, étudiants…
« Je viens toutes les deux à trois semaines. Je cible l’essentiel : la viande, les produits laitiers, quelques conserves, la nourriture pour chat, la litière… J’ai un petit salaire, alors venir ici est indispensable pour gérer mon budget. Ça permet de se sentir comme tout le monde : faire ses courses, choisir, payer, même si ce sont des prix très bas », témoigne Alison, 25 ans, en contrat d’insertion.
Même constat pour Malaury et sa petite Aïna, 2 ans, qui découvrent la formule : « Ailleurs, on n’a pas le choix, on prend ce qu’on nous donne. » Ici, le bénéficiaire paie environ 20 % du prix du commerce, mais repart avec un ticket mentionnant également le prix estimatif du marché réel car l’épicerie se veut un outil pédagogique. Quelque 300 familles fréquentent cette structure ouverte en 2010 où œuvrent trois agents municipaux : une encadrante technique, une accompagnatrice socioprofessionnelle et un agent polyvalent qui fait aussi office de coiffeuse.
« L’épicerie solidaire est surtout et avant tout un chantier d’insertion. Elle accueille huit salariés en transition professionnelle », explique la responsable Charlotte Fauvergue. « Ils sont sous contrat d’insertion de 6 mois pouvant être renouvelé jusqu’à 24 mois et passent par tous les postes, ramassage, approvisionnement, étiquetage, rayonnage, vente et entretien des locaux. Ils doivent aussi s’engager dans un projet professionnel que nous suivons avec eux. » Un projet qui intègre aussi selon les besoins l’aspect logement, santé, garde d’enfants, mobilité, régularisation de situation administrative…
« On lève tous les freins à l’insertion par l’emploi afin qu’à l’issue ils soient dans une situation professionnelle plus stable, en emploi ou en formation. » Le roulement est régulier. Dès qu’une place se libère, elle est aussitôt proposée sur la plateforme de l’inclusion. « Ils travaillent 24 heures par semaine. L’idée est de les aider à reprendre progressivement pied. On travaille beaucoup sur l’estime de soi, c’est le fil rouge qui va leur permettre de se sentir à nouveau capables. »
Pour Louisa, 35 ans, qui élève seule ses deux enfants, l’expérience est révélatrice : « Ça a été constructif. En arrivant, je cherchais juste une aide financière. J’ai pu faire des formations et des stages en entreprise. Aujourd’hui, j’ai un objectif en tête et je cherche dans la vente. » Olivier, l’ancien chauffeur routier de 53 ans, a également repris pied : « J’ai arrêté en 2018 et je me suis laissé glisser en vivant de petits boulots. Ce contrat d’insertion m’a aidé à retrouver le rythme des horaires de travail, le contact de l’équipe, ça m’a montré toutes les facettes du métier. »
L’équipe du CCAS ne manque pas de valoriser les compétences des salariés en les impliquant pleinement dans les ateliers réguliers destinés aux bénéficiaires de l’épicerie, notamment de cuisine. Des temps de convivialité précieux qui, au-delà des menus mijotés ensemble pour bien manger et gérer son budget, aident à trouver ou retrouver le plaisir de partager. Une recette qui mixe faire avec, aller vers et prendre soin.
Appel aux dons
Les produits de l’épicerie solidaire proviennent de la Banque alimentaire et des dons des magasins ou entreprises. La structure aimerait développer d’autres circuits courts pour pallier la baisse des dons des grandes surfaces qui écoulent par elles-mêmes les produits à date courte, c’est l’effet pervers de la loi anti-gaspillage. Avis aux entreprises qui bénéficieront ainsi de la défiscalisation de leurs dons. Infos au 05.55.92.11.75.