« Futur artiste », c’était l’intitulé mentionné sur leur billet d’entrée à Brive Festival. Une trentaine de jeunes des quartiers prioritaires ont eu droit à une visite VIP et aux concerts dans la foulée. La conclusion d’un projet baptisé « Crée ton flow » qui leur a permis de réaliser leur premier clip. Rencontre avec des talents qui ne demandent qu’à éclore.
Le flow, c’est le rythme que l’on donne aux paroles sur la musique. Une façon de faire résonner un texte, de s’exprimer, prendre corps. Ce qui vaut sur scène peut s’appliquer aussi dans la vie, c’est l’esprit insufflé par ce projet qui fait bien plus que de confronter ces jeunes à la réalité artistique. Fruit d’un partenariat entre la Cité éducative et Brive Festival, il est mené pour la deuxième année consécutive.
Une trentaine de jeunes entre 12 et 17 ans, fréquentant les centres socioculturels des Chapélies, Tujac et Rivet, y participaient depuis mars. Ils ont bénéficié de trois ateliers d’écriture dans les centres socioculturels, travaillé avec des professionnels la musique assistée par ordinateur. Un bus équipé d’un studio d’enregistrement leur a permis de réaliser des maquettes, comme des pros. Au final, six clips, en solo ou à plusieurs. Avec en point d’orgue de ce projet, la visite vendredi dernier de Brive festival et le concert en soirée.
Ils ont eu droit à une visite complète du site depuis les guichets. En priority pass. Ils ont vu par les loges, l’espace Vip, les coulisses, la régie de face qui pilote son et lumière… Ils ont assisté aux balances du groupe AKM. Ils sont même montés sur la grande scène, ont rencontré le directeur plateau et découvert une palette insoupçonnée de métiers autour de l’artiste.
« L’enjeu est d’ouvrir à ces jeunes le champ des possibles« , justifie la conseillère municipale déléguée Sylvie Boël. « Ils ne connaissent pas la manifestation, même étant Brivistes, ni la palette de métiers qu’offre le spectacle vivant. Ils sont accueillis en VIP et vont pouvoir profiter de la soirée. Ils vivent une expérience privilégiée. Nous en avons constaté tous les bénéficies l’an dernier: elle leur a donné confiance en eux en étant reconnus dans leur démarche artistique. »
Montrer que les portes ne sont pas fermées. Et surtout qu’elles peuvent s’ouvrir si on s’en donne la peine car la voie est exigenate. « Pour nous, c’est le premier étage de la fusée détection de talents, comme on le fait avec Tremplin Corrèze », abonde Yoan Pauly, directeur de production qui les a accompagnés sur tout le processus de création.
« Le chant, c’est ma passion », témoigne Lùna, 13 ans. « J’écrivais des textes, mais je ne savais pas trop comment m’y prendre. » Elle vient juste de découvrir le clip Je suis Lunà qu’elle a réalisé avec deux de ses camarades. Comme Tasnime, également 13 ans, qui a enregistré solo Lost in the echo of my mind. « J’écris des chansons dans ma tête, en anglais, je suis plus à l’aise. J’ai appris comment transcrire mes émotions, travaillé de façon plus professionnelle. »
Tous avaient le secret espoir de pouvoir rencontrer Soolking lors de leur visite. Le chanteur ne s’est pas montré. Mais ils ont humé l’ambiance backstage avec des musiciens de Grand Corps Malade et AKM partageant quelques notes improvisées.
« Ça va être notre premier vrai concert », s’impatientent Daro et Eya. Les deux copines ont un programme bien établi: « On va d’abord manger et puis on sera dans la fosse. On va crier, chanter, s’amuser… et profiter. » Nous en avons croisé quelques uns pendant la soirée et ils en ont effectivement bien profité, sans oublier de monter dans la nacelle pour voir de très haut le spectacle… l’avenir qu’ils se dessineront peut-être.
