« Je porte quotidiennement en moi l’enseignement que m’a offert le conservatoire », assure Paul Beynet qui mène aujourd’hui une carrière internationale. Rencontre, aux côtés de son professeur de l’époque Laurent Bourreau, avant le concert que donne ce soir à l’auditorium le pianiste accompagné de la clarinettiste Élodie Roudet.
« J’ai reconnu le bruit de la porte, l’odeur des lieux, la pente de la scène… C’est pourtant loin, mais comme si c’était hier », s’émeut l’artiste. Si point de mention du conservatoire qui l’a vu naitre dans son impressionnante biographie dans laquelle les prix se disputent avec les prestations et les lieux, Paul Beynet sait parfaitement tout ce qu’il lui doit à l’établissement briviste. « Ces années font partie de moi, de ma construction et de ce que je suis toujours aujourd’hui. » Tout un coup, il réalise en se tournant vers le piano installé sur la scène: « C’est ce piano sur lequel j’ai passé mes examens », s’esclaffe-t-il.
Les images du passé se bousculent: « J’ai tellement de souvenirs ici. » Un, peut-être plus fort que les autres: celui d’avoir si jeune jouer en soliste avec l’orchestre symphonique. « C’est une possibilité que nous offrons aux lauréats d’examen, c’est une démarche peu coutumière des conservatoires », précise Laurent Bourreau qui a été son professeur pendant tout son cursus briviste. « Il avait une exceptionnelle précocité musicale, une sensibilité incroyable. Ses qualités humaines transparaissaient dans sa musique. C’est fabuleux. »
L’un et l’autre sont toujours restés en contact. « On ne se voit pas souvent, mais c’est toujours avec un immense plaisir, comme si c’était la veille. » Cela fait bien longtemps que la carrière de Paul a dépassé celle du maître. Et pourtant, son aura agit encore : « Il restera toujours mon professeur, musicalement comme dans le cœur. Je porte quotidiennement en moi l’enseignement qu’il m’a offert. C’est la plus belle chose. »
Ce n’est pas la première fois que Paul Beynet revient se produire dans la cité gaillarde. Un attachement tout autant qu’une sincère reconnaissance. Il a joué des propositions musicales variées, aussi bien pour un court Concert sur le pouce dans la salle d’honneur de la mairie qu’au théâtre pour une création dans le cadre du Festival 1001 Notes ou au conservatoire même, avec sa partenaire mezzo-soprano, pour la sortie de leur album. Il draine ainsi souvent dans son sillage des artistes tout aussi talentueux, chanteurs ou instrumentistes, comme encore ce soir la clarinettiste Élodie Roudet pour un virtuel voyage en Eurostar (lire notre article Paul Beynet revient en Eurostar).
Certes Paul Beynet fait partie de ces quelques comètes que peuvent croiser un professeur, mais son parcours témoigne de la qualité de l’enseignement dispensé par le conservatoire briviste et de son accompagnement, à l’égard des élèves exceptionnels comme de tous, que ce soit en musique, en danse ou en théâtre.
Régulièrement, des élèves, à l’instar de Paul Beynet, s’ouvrent le Conservatoire national de Paris. La jeune pianiste Gayané Gharagyozyan s’inscrit aujourd’hui dans cette lignée: elle s’y présentera en février prochain. « J’ai eu la joie de pouvoir la faire travailler. C’était un moment très poignant. Même si nous avons des sensibilités différentes, je me reconnais en elle, dans cette quête musicale comme dans l’enjeu que représente un très grand concours comme celui du CNS de Paris, tout ce que cela implique comme travail et comme difficultés. » Et même là, le pianiste pourtant habitué à se produire sur de prestigieuses scènes, cherchait dans les conseils qu’il prodiguait à plus jeune, l’assentiment tacite de son ancien professeur. Un respect, teinté de connivence. La « touche » propre qui fait vibrer le conservatoire briviste.
Concernant le concert de ce soir, billetterie au conservatoire. Entrée: 10 euros (demi-tarif sous conditions). Infos au 05.55.18.17.80.